V
anessa Blue débarque au Palais, un peu comme le fît avant elle une certaine Sarah Bernhardt…
Belle-Île ! Pour qui a un jour accosté ce vaisseau de pierre amarré à quelques milles de Quiberon, ce nom prend toujours un sens particulier : celui de vacances ensoleillées, de tempêtes mémorables, de robinsonnades du dimanche…
Pour Vanessa, en fait Rozenn, il y a d’abord la volonté de faire le point sur une carrière dont la fulgurance l’effraye. Ensuite, il y a l’indicible envie d’en apprendre davantage sur un père trop tôt disparu. Savoir d’où elle vient, choisir où elle veut aller. Elle est ici pour répondre à ces deux questions banales pour d’aucuns, cruciales pour elle.
Même lieu, autres temps, 1894. La divine Sarah Bernhardt découvre la pointe des Poulains. Elle y reviendra vingt sept étés durant, faisant d’un fort abandonné un lieu de mondanité.
Patrick Weber met en parallèle deux personnages à l’apparente ressemblance. Toutefois, alors que l’une est installée au Panthéon des tragédiennes, l’autre ne l’est qu’au générique d’une série à succès. Cependant, cet artifice de narration permet d’’interroger le lecteur sur la gloire, le talent, ce qu’il est possible d’en faire, mais également sur le sens à donner à une vie qui ne vous appartient peut-être plus. Et puis il y a aussi, perdue dans les landes ou cachée derrière de petits volets bleus et clos, la question lancinante de la filiation et des repères perdus.
Illustré avec toute la fraîcheur requise par un Nicoby plus soucieux de rendre compte de la psychologie des protagonistes que de leur esthétique Belle-Île en père est, malgré son titre, encore une jolie histoire de femmes… et d’île, bien évidement.
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