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atton Lash a été l’élève de Will Eisner et Havey Kurtzman à la New York School of Visual Arts. Il a notamment collaboré avec Hamilton Comics, Paradox Press et Rip Off Press. Il est également l'auteur de Radioactive Man, qui a reçu un Eisner Award en 2002. Créée en 1979, sa série Les avocats du surnaturel a d'abord fait l'objet dans les années 1980 d'un strip hebdomadaire dans le Brooklyn Paper et le National Law Journal, avant de devenir au début des années 1990 une référence du comic book d'humour.
Parodie macabre des séries judiciaires américaines ou des grands films de procès des années 50, l’histoire se déroule autour de deux avocats, maîtres Wolff et Byrd, prêts à tout pour défendre les pires monstres, car tout le monde a le droit d'être défendu après tout, non ? De vrais monstres en fait, tels que Frankenstein, le loup garou et consorts. De tels clients, tout droit sortis de l’imaginaire collectif, donnent forcément lieu à des affaires étranges, souvent absurdes, et souvent drôles.
Si le principe a de quoi plaire, sa retranscription en BD est plus difficile, du moins dans un format classique, cartonné, avec une vraie continuité. Car si les affres de ce couple d’avocats du paranormal prête à sourire tant les jeux de mots vaseux et les situations idiotes abondent, l’effet de surprise a tendance à s’estomper au fil des pages. La répétition du même schéma est typique du principe du strip, où l’auteur livre sa dose de vannes attendues à intervalles réguliers. Mais la redondance de ce système perd de suite son charme quand les épisodes s’enchaînent, sans autre fil rouge que l’affaire en cours. A mi-chemin entre deux mondes, entre le gag sur une planche et l’aventure complète en 52 pages, cette atmosphère à la Scooby-doo a du mal à tenir le rythme, les traits d’esprit et l’humour de situation s’épuisant dans la contrainte du format.
C’est pourtant l’auteur lui-même qui a voulu ce changement de cadre, créant pour l’occasion une entreprise avec sa femme en 1994, pour justement bouger les murs de son récit afin de l’enrichir, notamment du point de vue de son background et de ses personnages. Pourtant, rien de cela n’apparaît dans ce premier tome.
Fluide glacial continue d’élargir sa ligne éditoriale en cherchant outre-Atlantique des comics novateurs à faire découvrir aux français. Dans le cas des Avocats du surnaturel, ce mélange des genres humoristique peine à passer le tour d’essai, manquant de fond comme de forme, car le dessin de Batton Lash a beau contribuer à l’ambiance avec ses couleurs flashy et son aspect cartoony (certaines cases ressemblent presque à du Bruce Timm), l’impression demeure qu’il n’est là que pour appuyer les gags sans s’affirmer suffisamment : le tout manque d’une véritable "patte". La lecture linéaire, d'une traite, est déconseillée ; tenter une découverte, fragmentée, par épisode devrait éviter cet écueil.
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