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ire qu’Émilie sort meurtrie d’une récente rupture serait éloigné de la vérité. Même si elle ne semble pas en être à l’origine, elle culpabilise, s’attribue en partie le départ de son amie. Le contact qu’elles gardent ne change rien à la situation, ni aux remords, bien au contraire. Les discussions avec les amis qui font ce qu'ils peuvent pour la sortir d'une sorte de dépression contagieuse, non plus. Cette absence lui pèse, quand bien même la personnalité de cet amour trouble devrait l’inciter à couper définitivement le fil…
Moi non plus, d’ordinaire, je ne suis pas amateur de ce genre de livre. D’emblée, son format, le style de trait, le mal-être dont fait montre le petit personnage silencieux qui illustre la couverture, incitent à la prudence, voire à une forme de réticence à l'heure d'envisager s'y plonger. Mais il y a une espèce de fragilité qui interroge. Le thème de la gestion de l’absence symbolisé par cette silhouette diaphane, malgré soi, interpelle.
Émilie Plateau traite son – peut-être au sens premier du terme – sujet avec autant de délicatesse que de maîtrise. Le lecteur apprend à connaître cette femme fragilisée, son ex- aussi, dont le profil psychologique se dessine peu à peu. Les proches font sourire jaune, grimacer même avec leur discours convenu, teinté probablement d’un légitime embarras qui accompagne une bonne volonté sincère. Le thérapeute, par sa froide attitude de professionnel, lui, choque. Avec le temps, une distance semble céder la place à une autre, l’éloignement se fait peu à peu libération, et l'issue est peut-être à portée de main…
Pour celui qui découvre les différentes phases-clés de la gestion post-séparation, la crainte que le bruit des pages qu’il tourne puisse avoir un impact sur le récit lui fait presque retenir son souffle. Il n’ose exprimer sa révolte, pas plus que ses encouragements ou des conseils à coup sûr inappropriés. La scène finale, ambivalente, laisse hésitant quant au sentiment à privilégier : le cœur pressé entre deux mains ou un soupir de soulagement. Le sentiment peut poindre aussi d'être partagé entre le besoin de relire ce témoignage et la crainte qu’une révision, plus analytique, n’édulcore le ressenti initial. C’est la marque des livres qui touchent, et, de ce point de vue, Moi non plus est grand petit livre.
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