Q
ue dit le pitch ? Il dit ceci : Le livre revient sur l’une des pages les plus sombres de l’histoire de la Corée : le massacre de dizaines de milliers d’habitants de l’île de Jeju, en 1948, marquant l’établissement du régime autoritaire de Syngman Rhee, soutenu par les forces d’occupation américaine. Jiseul est basée sur l’histoire vraie de 120 villageois, habitants de l’île, qui se sont cachés dans les cavernes de Seogwipo, après que les autorités d’occupation américaines eurent désigné tous les habitants dans un rayon de 5 km depuis les côtes comme des « émeutiers » et donné l’ordre qu’ils soient exécutés. Le mot « Jiseul » désigne, dans le dialecte de Jeju, la pomme de terre et le symbole de l’espoir de survie des insulaires.
Le contexte historico-politique est d’ailleurs explicité dans la préface et c’est une chance, parce que l’auteur a retenu une toute autre approche, purement graphique. En effet, elle ne s’attarde pas sur le conflit à proprement parler, mais sur les hommes et les femmes qui y sont impliqués malgré eux. Des conditions de survie aux tensions qui, parfois, s’installent, elle plonge le lecteur dans le quotidien précaire de ces victimes d’une guerre à laquelle elles sont étrangères.
Graphiquement, le travail de Keum Suk Gendry-Kim est des plus maîtrisés, le noir et le blanc se mélangeant dans des planches à l’esthétique aboutie. Par contre, la personnalité des différents protagonistes n'est pas suffisamment fouillée pour susciter l'empathie. Tels des pantins dans les mains de l'auteur, ils ne font naître aucune émotion dans un récit qui se voulait poignant !
Reste quelques très beaux tableaux...
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