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ikolai Robert Maximilian von Ungern-Sternberg ! Pragmatique, l’Histoire se souvient de lui comme du "Baron noir", du "Baron sanglant" ou encore du "Baron fou".
Après Corto Maltese en Sibérie d’Hugo Pratt ou L’ombre des damnés de Crisse, voici que Rodolphe et Michel Faure reviennent à leur tour sur ce généralissime de l’ex-armée tsariste qui voulait que revive l’empire du grand Gengis Khan…
Pour ce premier volet du diptyque, Rodolphe choisit d’évoquer ce personnage un brin mégalomane grâce aux souvenirs d’une jeune chirurgienne anglaise partie à la recherche de son mari pris dans la tourmente de la révolution soviétique. Si les premières pages passent très vite et de manière fort elliptique sur les circonstances qui amenèrent un si charmant sujet de la couronne britannique à côtoyer ce chef de la "division sauvage" en pleine Transbaïkalie, ce n’est que pour aller à l’essentiel : la personnalité tourmentée d’un homme qui sait que sa vie ne suffira pas à réaliser ses rêves. Progressivement s’établit un jeu de séduction où la crainte, la curiosité, la fragilité du moment présent et l’incertitude du lendemain redoublent l’intensité de tout sentiment, de chaque instant. À travers les yeux d’une femme, Rodolphe confère à cette figure, pour le moins controversée, une psychologie complexe qui lui rend l’humanité dont la guerre l’a privée. Sur ce scénario, Michel Faure livre de superbes planches en couleurs directes qui savent, par l’expressivité des visages, la beauté des paysages et la justesse des cadrages, renforcer la dramaturgie de cette histoire.
Si la fin de von Ungern-Sternberg est connue, il reste à savoir comment Elisabeth von Ruppert regagna sa chère Angleterre…
Le baron fou est un de ces personnages que l'Histoire a oubliés. Il s'est battu contre les rouges et pour les blancs. Cependant, son dernier combat est allé au-delà en rêvant de succéder à Genghis Khan sur les steppes de Mongolie et de Sibérie orientale. Oui, rien que cela !
Les histoires racontées par Rodolphe sont intéressantes mais c'est toujours sur un mode rappelant la bd des années 80 et 90. Cela fait vieux jeu. Cela plaira bien entendu aux nostalgiques de cette époque bénie de la bande dessinée.
Pour ma part, j'aurais espéré plus de modernisme ne serait-ce que dans le trait. Pour le reste, ce sont toujours les mêmes bonnes recettes. Là, on utilise l'as de pique et le flash-back sur le passé d'une vieille dame. La narration sera parfois un peu longuette. Cependant, l'ensemble demeure correct et de bonne facture. Rien de transcendant non plus.
J'ai été moins surpris par ce second album qui reste de bonne facture tout en étant moins réussi que le précédent pour deux raisons au moins: la trame narrative est coupée par les retours au présent qui sont un peu trop longuets et j ai trouvé le dessin moins bon (les couleurs notamment). Ça reste un bon album et un diptyque de qualité.
Le dessin et les couleurs de ce Baron fou sont parfaitement a mon goût. Le travail de M. Faure est très impressionnant (8/10). Du point de vue de l'histoire je ne connaissais pas ce fameux baron mais l'idée de cette horde bigarrée partie a la conquête du monde est le terreau d'une belle histoire même si parfois cette dernière vire un peu trop à l'anecdotique (6/10). A lire néanmoins rien que pour la qualité artistique de l'album.