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'Ordre Noir a été défait, le Grand Maître est retourné au néant, Randin a retrouvé son âme et ses deux parents. Mais un autre danger sommeille. Marlysa, accompagnée de sa jumelle Norya, décide de rencontrer les Thaumaturges, la race des mages impliquée systématiquement dans les desseins des tyrans, pour passer un accord avec eux : une paix durable. Mais les deux sœurs ont une requête personnelle à présenter.
Les uns festoient, les autres traquent l'ouverture vers le royaume caché des Thaumaturges dans la boue. La première partie de ce quatorzième opus est constituée d'action pure : combats contre des créatures toutes plus hideuses les unes que les autres, jusqu'à atteindre la destination à la page 33. Et là est présenté un sous-complot, très vite désamorcé par un témoin providentiel. Autant dire qu'il ne se passe pas grand-chose et c'est dommage, car c'était l'occasion d'explorer un nouveau personnage. Celui de Norya, qui a vécu toute sa vie sous le masque du Maître, une marionnette de chair "à qui on a tout pris" * et qui semble n'avoir rien à raconter ni à exprimer. Vide comme son histoire : belle, forte, souriante et dénuée d'émotions. Une figurante en papier. Pourtant, il y aurait quelque chose à dire sur cette femme qui n'a même pas eu droit à un nom, qui a tyrannisé son peuple pendant des cycles et qui se retrouve parachutée sur le trône. Comment vit-elle sans mémoire? Ses stigmates, sa relation avec sa sœur, avec ses victimes, son passé ? Aucune faille, aucune aspérité, aucun doute. Impossible de s'attacher à un être qui n'a pas d'âme.
La série Marlysa avait pour intérêt de présenter une histoire épique et haletante, des personnages hauts en couleur, jouant sur les émotions, les tensions et les mystères. Les Origines prenaient au ventre. Le cycle du Secret avait su renouer avec cette ambiance particulière, malgré un final décevant : une oubliée, jaillie de la préquelle, traverse tout l'univers pour arriver à temps et abattre le grand méchant triomphant. Sœurs de sang revient aux sources : à l'origine de la malédiction. L'idée est bonne mais mal exploitée : scénario minimalisme et final précipité, absence des ressorts psychologiques, dessin moins riche qu'avant, comme fait dans la rapidité. Certains lecteurs reprochent souvent aux auteurs de ne pas sortir assez vite les suites : preuve est faite qu'il vaut mieux leur laisser du temps.
Décevant, Sœurs de Sang est un volume de transition qui pose les bases d'une prochaine intrigue mais ne présage pas de la suite car ce ne serait pas la première fois que la série s’essouffle avant de rebondir à son niveau d'antan.
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