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ejeton envieux et pressé d'accéder au trône de son père, Bran sème la terreur sur ses terres en compagnie de ses cousins : séduisant les filles par la force, piétinant les récoltes, battant les manants, volià un joli profil de prince méchant. Décidé à trop en faire pour pousser le seigneur à la démission, il veut sa chasse mythique et se met à poursuivre une Créature, une biche aux bois d'or dans la forêt interdite, prenant le risque de réveiller la guerre millénaire entre les hommes et les êtres magiques de l'île. Il blesse l'animal, mais, à sa place, ne trouve qu'une adorable jeune femme avec une plaie au flanc. Elle dit avoir été meurtrie par le cervidé en fuite. Bran, fasciné par une telle beauté et motivé par la perspective d'abuser de ses charmes, la relève. Alors, la robe se soulève sur des sabots. Horrifié, il commence à l'achever, mais la femme-biche s'éventre sur son couteau et prononce une malédiction. Au réveil, Bran est un corbeau qui parle. Le jour. La nuit lui offrira une autre surprise...
Bran puise dans le classique des contes celtiques : les forêts interdites aux hommes, les elfes, les change-forme, un clin d’œil à la chanson de Blanche-Biche, comme à l'Histoire sans Fin. Le mauvais prince va être puni et va trouver le chemin de la rédemption. Dans ce premier volume, il impose sa compagnie à une renarde guérisseuse avec toute sa bêtise et son égoïsme. Il a de la chance d'inspirer de la pitié à cette magicienne, qui va jouer un petit peu avec lui. Le scénario est convenu, mais le charme opère. L'ouvrage est tout à fait adapté à un public jeunesse, préadolescent comme plus âgé. Au dessin, Maike Plenzke donne un écrin onirique au récit avec ses effets de peinture directe : pas de traits, ni d'encrage, juste de gros aplats de couleurs brutes jaillies du tube. Le vert émeraude apporte sa vivacité à la nature et compose une forêt mythique, foisonnante de magie. La matière claque et donne du dynamisme et de la chaleur aux planches. Les visages rappellent les compositions d'Enrique Fernandez.
Bien que peu originale, Bran s'avère une fable efficace et charmante, une ballade onirique à la source des âges.
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