Léo Loden 23. Brouillades aux embrouilles

D ans Brouillades aux embrouilles, sa vingt-troisième enquête, Léo Loden est de retour dans la Cité Phocéenne, sur les docks plus précisément. Qu'Amadeus réponde aux abonnés absents, ça n'a rien de très étonnant, particulièrement pour qui connaît ses occupations (il est parfois bon pour la santé de prendre un peu de recul dans l'arrière pays). Par contre, lorsque des gros calibres sont trouvés dans les petites affaires de celui-ci et que des malfrats des Quartiers Nord commencent à vous prendre pour cible, c'est plus préoccupant. Bienvenue à Marseille, ville de culture et de contrastes.

Polar humoristique emblématique des éditions Soleil, Léo Loden est devenu, au fil des parutions, une affaire qui tourne pratiquement toute seule. Le héros, un peu nigaud mais courageux, Loco, le faire valoir au gosier toujours sec et Marlène, l'éternelle fiancée garante de l'ordre public affrontent un énigmatique méchant sur fond d'actualité (trafic d'armes, tensions communautaires et cigarette électronique). Le duo Christophe Arleston – Loïc Nicoloff propose un scénario bien huilé et très rythmé qui ne s'encombre pas de fioritures ou d'explications, sorti des petites introductions géographiques présentant quelques lieux locaux d'intérêt. Mais si le processus est sympathique, il devient vite agaçant à force de se répéter toutes les trois pages. Au final, les quarante-six planches sont bien remplies, les gags bien à leur place et les rebondissements s'enchaînent. Par contre, pour ce qui est de l'originalité, il faudra attendre le prochain volume (avec de la chance).

Aux pinceaux, Serge Carrère baigne également dans sa zone de confort et réalise un travail tout à fait honorable. Son trait semi-réaliste tendance « gros-nez » est dynamique, la mise en scène solide (les nombreuses scènes d'action, par exemples) et les grandes vues panoramiques, agréables à détailler. Malgré tout, comme pour l'histoire, le dessinateur a préféré « assurer » et reste bien dans le cadre établi. Certes, il y a peu de raison de changer une recette qui a fait ses preuves. En revanche, à force de rester campé sur ses acquis, son art pourrait devenir daté et commencer à sentir le déjà-vu.