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yn Rand est née en Russie en 1905. Petite fille, elle nourrit un certain mépris pour autrui. Devenue écrivain à succès aux USA, elle propage sa théorie de l'objectivisme basée sur l'égoïsme et l'individualisme poussé à outrance et une haine du collectivisme. Alors, les droits de l' "homme créatif", une forme de surhomme, sont prépondérants sur la masse imbécile. La mise en oeuvre du précepte suppose une quasi-abolition de l'État et de son système social considéré comme une sorte de parasitisme ou de sacralisation du cannibalisme social. Dès lors, les plus forts ont vocation à dévorer les plus faibles. La doctrine se répand dans les milieux influents et sera portée par Alan Greespan, responsable de la FED avec, pour conséquence, la crise des subprimes de 2008.
Découpé en trois parties, cet essai économique de Darryl Cunningham décrit la vie et les incohérences d'une dame de fer, qui érige l'individualisme en valeur absolue mais qui gère son cercle rapproché avec la poigne et la paranoïa d'un Mao Zedong, excluant toute déviance, tout écart de pensée. Le second volet retrace l'historique de la dérégulation bancaire depuis la crise de 1929. Il décompose tous les mécanismes de la mise en place des avoirs toxiques et de la bulle de 2008. Ces pages, très techniques, nécessitent une concentration sans faille pour saisir toutes les subtilités d'un système qui marche sur la tête et les conséquences désastreuses qu'il génère. Enfin, la dernière partie ouvre un point de vue inédit, s'appuyant sur l'analyse psychologique et neurologique des deux principaux courants de pensée qui s'affrontent sur l'échiquier politique : néoconservateurs et progressistes.
L'ensemble est, par essence, très typé anglo-saxon mais les impacts des théories et pratiques décrites ici éclaboussent quotidiennement le reste de la planète. Très dur et très documenté, la découverte de l'ouvrage inspire réellement une forme de colère. À sa lecture au premier degré, comment ne pas se sentir trahi par ceux qui nous dirigent : politiques, médias, système financier. L'idée de faire une révolution pour s'élever contre cette prédation organisée peut même germer avant de laisser place à la résignation : il est peut-être un peu tard...
Un pamphlet indispensable pour comprendre les enjeux économiques actuels. À mettre dans toutes les mains.
Livre très intéressant, divisé en plusieurs parties ainsi que l'expose Erik67 dans le commentaire ci-dessous.
Le parti pris anticapitaliste est résolument assumé et ne souffre, à la lecture, d'aucune contestation. Le propos est bien expliqué, avec pédagogie et précision.
Pourquoi seulement trois étoiles dans ce cas ? En raison des dessins, vraiment trop laids. Critère essentiel dans une bande dessinée, on en conviendra.
L'ère de l'égoïsme où comment le néolibéralisme l'a emporté. Warren Buffet (3ème fortune mondiale) ne disait-il pas que la lutte des classes existe toujours et que c'est sa classe qui l'a emporté. Darryl Cunningham s'est livré à un excellent travail d'analyse qu'il a découpé en trois parties.
La première partie nous décrit la vie d'Ayn Rand que je ne connaissais pas et qui pourtant a profondément marqué la pensée de la droite américaine à commencer par son disciple Alan Greenspan. Elle prône l'individualisme sur le collectivisme. En effet, l'altruisme ne serait qu'un outil utilisé par le collectif pour soumettre les individus. A ses yeux, l'égoïsme qui est habituellement considéré comme un vice est en réalité une vertu car cela favorise l'esprit créatif et le talent loin de toute médiocrité. Par ailleurs, les impôts sont du vol. Le marché doit être entièrement libre sans intervention étatique. Elle s'opposa à la guerre du Viet-Nam, mais également à la loi contre l'avortement et était profondément athéiste ce qui tranchait au sein d'une droite dominée par la religion. Bref, elle établira toute une philosophie qui nous sera savamment décortiquée. La conclusion de l'auteur sur l'oeuvre d'Ayn Rand mérite sans doute le détour et je vous en laisserais la surprise.
La seconde partie nous décrit la crise de 2008 qui serait la conséquence de la pensée d'Ayn Rand bien qu'il y eut différents facteurs à commencer par l'absence de réglementation voulue par les politiques pour laisser-faire les banques d'affaires. On apprendra que ce fut la cupidité des hommes d'affaire qui allait conduire à la catastrophe sans compter sur la fameuse baisse des taux décidée en 2001 par Alan Greenspan à la tête de la réserve fédérale depuis que Ronald Reagan l'a nommé en 1987. Ce dernier croyait dur comme fer que c'était l'avidité des hommes d'affaire qui protégeait le consommateur au travers de la réputation d'une entreprise. Comme il se trompait !
La dernière partie est un résumé de la situation que nous connaissons aujourd'hui. L'auteur va étudier toute la psychologie des pensées conservatrices contre les progressistes. Dans la préface, il nous prévenait en écrivant : dans les états démocratiques où le droit de vote existe, nous sommes responsables d'avoir donné le pouvoir à ceux qui estiment vertueux de privilégier l'amoncellement de l'argent au lieu de l'égalité pour tous. Il constate l'indignation des masses populaires mais celles-ci se trompent d'ennemis. On raille ainsi les plus défavorisés en ne faisant plus la différence entre le profiteur et celui réellement dans le besoin. les chômeurs et les immigrés sont les premières victimes de la montée de l'extrême droite. Son analyse ne concerne que les Etats-unis et le Royaume-Uni, je tiens à le préciser pour éviter tout amalgame.
En gros, Ayn Rand avait tort en privilégiant l'égoïsme. L'impôt serait le prix à payer pour maintenir la civilisation. Oui, il faut payer encore plus d'impôts et faire confiance au gouvernement pour établir des règles de régulation. Libre à chacun de se faire une opinion. En tout cas, l'auteur fait une formidable démonstration tout à fait compréhensible pour le simple esprit que je suis. L'achat de cette oeuvre me paraît indispensable pour comprendre les enjeux économiques actuels.
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.25/5