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vec A.N.G.E., Anne Robillard adapte en bande dessinée son roman éponyme, mais le moins qu’on puisse dire est qu’elle ne maîtrise pas du tout les codes de ce média. Le pitch est déjà délicat : une société secrète veille sur l’humanité pour la préserver des attaques des forces occultes. Avec un thème maintes fois rabâché, l'album a intérêt à posséder de nombreux arguments pour pouvoir être crédible et séduire. Il se distingue effectivement, mais pas pour les bonnes raisons, loin s'en faut ! Les éléments s'empilent sans cohérence ni fondement. On assiste à une accumulation de poncifs du genre : une agence fondée par deux francs-maçons, une secte - dont on ne sait rien - œuvrant à l'avènement de l’Antéchrist et assistée par des entités censées être inquiétantes car prénommées Seth ou Ahriman. La pauvreté du scénario est à l'image de celle des protagonistes, l’héroïne en tête, qui sont insipides au point de donner l’impression d’avoir affaire à des robots. La narration totalement bancale n’ajoute pas de liant à ce brouet indigeste. Il n’y a pas de continuité dans la trame, les ellipses sont mal gérées et les dialogues affligeants. Le naufrage se poursuit avec le dessin de Cristi Pacurariu. Ses planches sont dépourvues de vie. Les personnages aux silhouettes parfois approximatives sont inexpressifs. Les décors, quand il y en a, sont tout aussi sommaires, le dessinateur se contentant bien souvent de hachures de couleurs.
Cette lecture fait tout de même naître une question. Sans même parler de la surproduction actuelle, comment peut-on laisser sortir un tel livre ?
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