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ngela Mc Cloud est pilote. Son quotidien ? Convoyer les avions des bases arrières vers le front. Jusque là rien de bien extraordinaire, sauf lorsqu’il s’agit de franchir l’Himalaya sur un Dakota chargé comme une mule, avec la chasse japonaise qui patiente en embuscade pour vous aligner comme au tir au pigeon. Heureusement que les Burma Banshees sont là pour veiller sur elle…
Visiblement, Yann et Romain Hugault partagent une triple passion : l'aviation, la bande dessinée et les jolies femmes ! Après le Grand Duc et Le pilote à l’Edelweiss, le duo remet les gaz pour s’envoler vers une page méconnue de la guerre du Pacifique, celle qui vit les Etats-Unis établir un pont aérien au-dessus de l’Everest pour soutenir l'armée chinoise contre les troupes japonaises. Quitte à cultiver l’exotisme, le parti a été pris d’appréhender ce conflit d’une manière inhabituelle, via les WASP. Derrière cet acronyme se cachent le Women Airforce Service Pilots, dont la tache journalière consistait à acheminer sur le territoire américain des appareils de toute nature. Pour les deux auteurs, un tel pitch est une madeleine douce et chaude dans laquelle ils croquent à pleines dents.
Sur ce sujet, porteur comme un thermique, Yann construit un scénario très conventionnel, mais s’appuyant sur un art consommé de la mise en scène et une documentation visiblement très complète qui, anecdotes à l'appui, rendrait ce récit presque authentique. Ce désir de vraisemblance quasi-historique se retrouve également chez Romain Hugault qui, par souci du détail, n'hésite pas à livrer certaines de ses planches à la sagacité d'experts aéronautiques ou de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi en est-il aussi des WASP ! L’attrait des duettistes pour les charmes du beau sexe n’est un secret pour personne et d’aucuns pourraient croire que ces fifinellas moulées dans leur flight jacket ne sont qu'un prétexte pour s’adonner sans retenue à leurs penchants naturels, quitte à enjoliver quelque peu l'Histoire. Il n’en est rien ! Une rapide recherche sur la toile permettra de mieux connaître ces femmes dotées d'une force de caractère peu commune – il en fallait pour être aviatrice en 1940 – et qui acceptèrent, au péril de leur vie, ce qu'aucun mâle n'aurait voulu faire, tout en trouvant le moyen de rester féminines jusqu'au bout des ongles. Comme quoi la réalité peut dépasser la fiction.
À sa façon ce premier volet du triptyque d'Angel Wings rend hommage à ces femmes d'exception qui pilotaient "aux fesses" et permet d’apprécier la virtuosité et la constance de Romain Hugault dans l’art des ballets aériens. Dommage que, parfois, malgré leur charisme, la physionomie de ces dames ne bénéficie pas de cette même constance.
Avant les anges de la téléréalité, il y avait les Angel Wings qui combattaient pour notre liberté au milieu de la jungle birmane. Il y a un côté très glamour dans cette série qui débute. Il faut dire que Yann nous a habitués à cela depuis Pin-up. Cependant, les femmes vont jouer cette fois-ci dans la cour des grands.
En effet, notre héroïne est une aviatrice qui doit se rendre en Chine et traverser par conséquent la chaîne himalayenne contrôlée par les japs. Il y a également un côté Bob Morane qui m’a plu. Cerise sur le gâteau, cela s’inspire d’une unité ayant réellement existé mais dont l’action est un peu passé inaperçu au milieu de la Seconde Guerre Mondiale.
Par ailleurs, le dessin est de toute beauté non seulement au niveau des zincs, mais également des décors et des personnages. C’est assez rare pour le souligner. Je considère que Romain Hugault est l’un des meilleurs dessinateurs de sa génération. Les planches sont réellement de toute beauté.
Alors même si l’intrigue demeure d’un grand clacissisme, il y a toute une ambiance particulière qui m’a séduit du premier abord. On s’embarque assez facilement pour une aventure passionnante.
1944 ; Base aérienne de Camp Malir à 10 km de Karachi.
Mon nom est Angela Mc Cloud. Un ange dans les nuages ! C’est tout moi, ça
Je débarque au mess des pilotes et je commande un wiskey. « Que fait-elle là ? » se demandent tous ces mâles en manque de nanas, en se rapprochant de moi. Une femme pilote ? Est-ce possible ? Ils se débattent car tous veulent me payer à boire. Je sors mon portefeuille et règle ma consommation. Je sors, car je n’ai pas de temps à perdre. Mon copilote m’apprend que le plein est fait, mais j’ai encore quelques détails à régler… Comme passer par le bureau du commandant de la base… Qui avale de travers en voyant une femme pilote entrer dans son bureau. En principe, la chose n’est pas autorisée sur le front d’autant que j’ai un statut de « civile »… Mais j’ai des ordres du général C. R. Smith qui commande l’USAAF en Inde, ce qui perturbe très fort le macho qui commande l’aérodrome.
Après m’être restaurée, je m’apprête à embarquer sur mon DC3 lorsqu’un pilote, comme il en a le droit, fait de l’avion-stop et me demande de l’emmener à Kunming.
Voler à 20.000 pieds avec un Dakota… et les Japs ! risque de ne pas être un voyage d’agrément…
Critique :
La première chose qui frappe lorsqu’on tient cette bande dessinée en main, c’est le soin méticuleux apporté aux dessins des avions. Les paysages et les personnages ne sont pas en reste ! Romain Hugault accomplit une œuvre du tonnerre de Dieu, puisque c’est lui le dessinateur et le coloriste de cette histoire. Mais d’où sort cet individu ? Pilote à dix-sept ans, fils de pilote, il n’est peut-être pas né dans un avion, mais il s’est toujours senti pousser des ailes. Il aurait pu piloter pour gagner sa vie, mais, heureusement pour nous, il décida de faire carrière dans le dessin et de nous offrir quelques-unes des plus belles planches de coucous et d’aviateurs.
On en viendrait presque à oublier le scénariste ! Yann Le Pennetier (dites simplement Yann) est un véritable touche-à-tout dans le monde de la bande dessinée. On le retrouve là où on ne l’attend pas car les idées se bousculent chez ce diable de Breton qui a eu la lumineuse idée de s’installer à Bruxelles. Il réalise ici un scénario qui renouvelle le genre dans l’univers de l’aviation puisqu’il met en scène une femme pilote, très sexy (modèle pin-up typiquement américain de la Seconde Guerre mondiale) avec un caractère trempé qui ne s’en laisse pas conter.
Incontournable pour tous les fans d’aviation, cette série est une belle opportunité de distraction pour tous ceux qui ont envie de passer un fort agréable moment de détente.
Avec les aventures de cette forte femme, Yann et Hugault nous plongent dans les soubresauts de cette guerre, entre sabotages, missions de sauvetage de pilotes éjectés et attaques ennemies. Pour ceux qui ne connaissent pas, Romain Hugault est un superbe dessinateur passionné d’aviation et pilote hors de la planche à dessin. Il est ainsi le chef de file d’une école de BD d’aviation et à moins que vous ne soyez allergiques à ce qui à des ailes et des hélices, il faut dire que l’ensemble de ses albums regorge d’illustrations de voltige et de batailles aériennes absolument magistrales de virtuosité et de précision documentaire. Il faut voir le dessin de chaque vis et rivet pour imaginer le travail de documentation et la passion du détail qui anime l’illustrateur.
J’ai découvert Hugault sur son premier album et premier succès, le Dernier envol, recueil de quatre histoires, de quatre vies liées aux avions, pendant la seconde guerre mondiale. Si cette période occupe la quasi-totalité de son œuvre (hormis une escapade sur la première guerre mondiale dans Le pilote à l’Edelweiss) ce n’est pas uniquement par-ce qu’elle lui permet de dessiner des avions de guerre mais bien par-ce que les années 1940 le fascinent. Dans Angel wings plus que dans ses autres séries, le scénario de Yann insiste particulièrement sur le sort réservé aux femmes dans une Amérique machiste, qui plus est lorsqu’elle est en guerre. Cette BD que l’on pourrait presque qualifier de féministe a l’intelligence de ne pas être anachronique comme le sont souvent les histories contestant une situation historique. Angela est révoltée bien sur, mais femme de son époque, elle accepte en partie sa condition qui ne changera que dans le regard que lui portent les hommes de la base en constatant son courage. L’on en sait très peu sur cette étrange aviatrice sachant se battre, manier un fusil et survivre dans la jungle birmane, qui est étonnamment assez peu présente dans les cases hormis dans la trame générale du scénario qui semble tourner autour du décès de sa sœur, aviatrice comme elle. Et pour cause, il faut le reconnaître, l’histoire est assez anecdotique et plus un prétexte à illustrer des séquences d’aviation via le personnage du pilote de chasse Rob, des paysages et des séquences de bataille. C’est la recette de tous les albums de ce dessinateur (ses autres séries sont peut-être un peu plus consistantes), mais cela n’en fait pas moins de magnifiques BD bien au-dessus de la moyenne des albums grand-public historiques.
A la documentation visuelle de l’illustrateur répond une précision historique concernant une foule de détails sur les bases militaires en Asie, le quotidien d’un soldat sur le Front oriental ou la politique de déstabilisation radio du Japon (méthode certainement coutumière de tous les régimes en période de guerre mais saisissante ici: insidieusement on insinue que les médicaments donnés par l’armée US rendent impuissants, que les femmes restées au pays trompent les soldats, etc)… Je disais que l’histoire était un décors. Cela n’est pas une critique: la force de ces albums est documentaire et sur ce point c’est une grande réussite. Personnellement j’ai moins apprécié ce décors birman que les précédents albums du tandem Yann-Hugault en Europe, mais cela reste passionnant de réalisme, que ce soit les dialogues, les poses, les coiffures, on sent l’envie de cartes postales les plus précises et on apprend plein de choses. Bien sur on reste du côté hollywoodien, c’est clair, coloré, plein de bons mots. Cela n’empêche pas des drames, mais la dureté de la guerre reste au loin, comme dans l’esprit d’un aviateur perché sur son aigle d’acier au-dessus des combats.
Pour résumer, si vous aimez les avions, les belles images colorisées au numérique, la précision historique, les femmes (côté émancipation et côté rondeurs…), les années 40… foncez, au risque de découvrir un auteur que vous ne pourrez plus lâcher.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/03/21/angel-wings/
La série est excellente et renouvelle bien le genre "bd avia". Le scénario est bien inséré historiquement, on apprend en même temps que l'on se délecte. Comme pour "Bomb road" (Koeniguer) , toujours plus de plaisir à chaque relecture.
Ce n'est pas parce que les dessins sont splendides que cela fait nécessairement une bonne BD. L'histoire n'est en effet vraiment pas fameuse et ne paraît pas très réaliste. Quant aux personnages, ils sont tous très caricaturaux. 2/5, et encore, uniquement grâce au dessin.
Dessins toujours sublimes, mais scénario un peu plat et personnages trop caricaturaux.
Un moment de lecture agréable cependant, j'attends la suite en espérant que l'histoire également (et pas seulement les dessins de Hugault !) me fera vibrer.
Dés que Romain Hugault sort un nouvel album , j'avoue craquer et acheter les yeux fermés a tort ou a raison.Les envoûtantes pin up et autres superbes femmes qui parcourent en général ces planches sont toujours agréables a"mater" et admirablement bien réalisés.Pour cette fois la situation géographique change et c'est bien vue en allant particulièrement dans cette partie asiatique pendant la seconde guerre mondiale,les avions de chasses étaient véritablement impressionnant avec leurs mâchoires grandes ouvertes, seulement voila Romain nous sert du Romain Hugault cela n'est pas en soi péjoratif,mais l'histoire avec un grand H s'en trouve caché,un peu comme si on regardait le superbe film de james cameron Titanic en ne voyant que jack et rose et leurs belle romance certe mais sans voir le naufrage.....
Depuis "le dernier envol", je n'ai pas raté un seul album de Romain Hugault, tant son style me ravit.J'ai même acheté les 3 volumes des "pin up wings"
Avec cette nouvelle aventure, on en prend,encore une fois, plein les yeux. Les scènes d'aviation sont de toute beauté, et Romain Hugault sait aussi parfaitement dessiner les femmes, notamment Angela Mc Cloud, Woman Airforce Service Pilot.
Cependant,je n'ai pas retrouvé le souffle du "Grand Duc", fruit d'une précédente collaboration entre Yann et Hugault.
A vrai dire j'ai trouvé le scénario assez plat et sans surprise, avec des personnages très stéréotypés.
Sans le dessin de Hugault,je n'aurai sans doute pas acheté cet album.
Une petite déception donc.
3/5 : "Bon album" : évidemment, rien que pour les dessins d'Hugault et ses recherches historiques (pour les dessins !!)... MAIS... : Que l'historique soit d'un intérêt certain, je ne ne le nie pas ! C'est un des aspects de la seconde guerre mondiale complètement inconnu de la majorité de "nous". Mais... Comme d'habitude (on va finir par croire que je voue une "haine" à Yann, mais non of course, pour le connaître c'est quelqu'un de TRES sympa !!) mais... Encore une fois, le scénario manque de "richesses" !! Il ne fait que survoler (sans mauvais jeux de mots) l'aspect historique et nous sommes loin de "MEZEK" (je sais, j'en parle à chaque fois : mais encore et encore, quel dommage que cela ne soit qu'un one shot !!!!!!) et au contraire du chroniqueur, les "belles nanas" servent bel et bien "d'accroche" pour pour la BD !!! Je suis persuadé qu'il y avait aussi de courageuses, de très courageuses même, filles qui n'avaient pas de physique de bimbo (ni l'odeur...) !!! Alors, pq ne pas rester "réaliste" jusqu'au bout ??? Le talent d'Hugault n'est pas à remettre en question, certes non, mais ne pourrait-il pas, de temps en temps, qlq peu modifier son "style" (comme le font qlq doués de la BD) afin de donner une image plus "brute" mais réaliste des conditions de l'époque ? Là, c'est d'un clean de chez clean... Même avec des morts, la guerre donne l'impression d'être "bien propre" (maquillage et ongles manucurées inclus !!!!!)... Pourtant ces femmes d'exception devaient "respirer la crasse" !!! Et comme d'hab', scénario pas encore assez fouillé... 3 tomes... Mwouais, on, verra... Pour conclure : je n'ai pas acheté l'album, je l'ai feuilleté chez mon libraire spécialisé favori, et en plus ou moins dix minutes, la messe fut dite !! CQFD... QUEL DOMMAGE : sujet en OR et dessinateur TRES doué.... Marketing... Qui à dit marketing ?????
Une nouvelle série est dans la veine des précédentes de Hugault, cette fois c'est une femme pilote qui doit se faire respecter dans un monde d'hommes dans un environnement inédit, le Pakistan et l'Himalaya pendant la deuxieme guerre mondiale. Cela permet de superbes images et la description minutieuse de nouveaux avions.
Les péripéties sont assez classiques mais sur un fonds réaliste qui donne tout son sel à l'histoire.
Bref un plaisir de lecture renouvelée même si on n'est plus autant étonné et séduit qu'à la découverte du style d'Hugault.