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n tag injurieux a été la bêtise de trop pour Merci Zylberajch. L'adolescente se retrouve devant le juge pour enfants qui la condamne à cent cinquante heures de travaux d'intérêt général. Elle va travailler au sein de la mairie de Bredenne, avec des adultes. Pff...
Une fois de plus, Zidrou démontre tout son amour envers le genre humain, malgré ses travers. Prenez sa nouvelle héroïne, Merci Zylberajch, une brave adolescente un peu rebelle car délaissée par une mère invalide et dépassée par les événements. Prise la main au collet, elle va devoir vaincre ses angoisses personnelles et affronter la réalité de la vie au sein d'un conseil municipal peu enclin à changer ses habitudes. Heureusement, les mots de Maurice Cheneval, le poète officiel de la ville, permettront de mettre tout le monde d'accord. C'est beau, on en a la larme à l’œil.
Il faut bien l'avouer, le créateur de Lydie n'a pas son pareil pour créer des personnages attachants et des situations touchantes. Merci, en premier lieu, mais aussi sa mère au destin tragique, ses amis, la bande d'élus si colorés, le sage juge d'application des peines, sans oublier le supposé infâme Parmentier (il n'apparaît jamais), tous les protagonistes respirent la vie et une certaine forme d'authenticité. Mieux encore, le cadre dans lequel baigne cette distribution est également tangible tant sa description est détaillée. À mi-chemin entre la caricature et le portrait naturaliste, le scénariste n'hésite pas à utiliser une ultime arme pour convaincre : l'humour. Même si, sur la longueur, l'empilement de tant de bons sentiments pur sucre à tendance à provoquer des haut-le-cœur, la fable est suffisamment bien écrite pour éviter la noyade dans l'eau de rose.
Arno Monin (L'enfant maudit) a parfaitement intégré l'approche bienveillante de l'histoire. Oscillant entre un style très clair typé dessin animé et une volonté d'aller dans les détails (les bâtiments, la nature), le dessinateur allie lisibilté et une certaine forme d'esthétique réjouissante. La mise en page pleine de vivacité et les cadrages dynamiques finissent de donner une excellente tenue à un ouvrage bien sympathique, quoiqu'un peu trop angélique sur le fond.
« Merci ! Mais non ! Je ne vous dis pas « merci » ! J’vous parle de Merci ! Comment ? Vous ne connaissez pas Merci ? … Non ! Je ne prétends pas que vous êtes impoli ! Je vois juste que vous n’êtes pas de Bredenne ! Si vous étiez du coin, vous sauriez qui est Merci ! Seize ans et déjà beaucoup de tags à son actif : « Le Parmentier gros PD » en est une belle illustration… Sans parler des poubelles incendiées… Et son style gothique… Jeunesse perdue, j’vous dis, moi ! Rien de bon dans cette graine-là ! Ferait mieux de soulager sa pauvre mère qui a eu un accident cérébral il y a huit ans. Heureusement pour elle, elle est tombée au tribunal des enfants sur le juge Pirlot, cet hurluberlu ! Moi, cet’ gamine-là, je te la foutrais en prison vite fait pour lui apprendre le respect ! Au lieu de ça, elle est envoyée au conseil communal pour prester 150 heures ! Avec 3500 euros en prime pour développer un projet ! Avec not’pognon ! C’est-y pas scandaleux-ça ? Des juges pareils faudrait les expédier chez les canibales en Amazonie-Nouvelle-Crimée ! »
Opinion anonyme. Sans nul doute, un membre de l’opposition communale…
Critique :
Un peu sceptique au départ avec ce livre qui m’a été offert… Un truc pour ados ! Pfff ! J’ai dépassé la date de péremption depuis longtemps ! Eh, bien… Non ! Je me suis beaucoup amusé ! Merci est un personnage très touchant qui a besoin de créer un projet. A l’image de beaucoup de jeunes, elle ne trouve pas sa place dans la société, ce qui est très démotivant et pousse à faire des co…, des bêtises ! Mais puisqu’on lui donne la parole au sein du Conseil communal, elle va la prendre et s’en servir !
Et qui a dit que la poésie était morte et que c’était un truc de vieux ? Hein ? Dénoncez-vous que diable !
Suivez les échecs et les réussites de Merci… Comme dirait son grand-père : « Seul celui qui n’est tombé de l’arbre qu’une seule fois a peur d’y grimper à nouveau. »
L’auteur essaye de construire une histoire assez positive malgré les problèmes rencontrés dans la société. Il donne de l’espoir aux jeunes. La démarche est certes louable. Le sujet principal est l’adolescence rebelle. Cependant, ceux qui ont des enfants et notamment des ados rebelles ne reconnaitront certainement pas les situations rencontrées. Les ados ne font plus des tags comme dans les années 80 ou 90. Les ados ne se tournent certainement pas vers la poésie pour exprimer leur mal-être. On n’est plus à l’époque de Rimbaud. Le vocabulaire employé actuellement est plutôt du genre vulgaire. Bref, ce récit est beaucoup trop gentillet et ne reflète absolument pas la réalité sociale.
Si on fait abstraction de la naïveté du propos assez bobo, c’est un récit plutôt bien construit et qui donne la pêche. Cette lecture ne pourra pas nuire bien au contraire surtout pour nos jeunes. On a besoin sans doute de croire que les politiciens ne sont pas tous des pourris qui ne pensent qu’à leur petit confort et que les jeunes peuvent faire partie de la démocratie en siégeant dans les conseils municipaux en influençant quelques actions. On peut également penser que certains juges ont des idées de sanctions éducatives plutôt que répressives. Oui, on peut rêver à un monde de bisounours.
C’est une chronique sociale qui est tout sauf réaliste. Point de jugement, ni de morale en apparence. Trop forcé sur la poésie et sur la sensibilité dans la veine des dernières productions de l’auteur. Trop dégoulinant. Néanmoins, toujours agréable à lire. Merci pour ce moment !
Un album sympathique. Le scénario est empreint d'une certaine poésie. Il met en scène des personnages hauts en couleurs dans un rythme doux. Le dessin de Monin, s'il est moins mature que dans "L'Adoption" (logique) n'est pas désagréable et nous offre de vraies gueules ! Seule la mise en couleur est perfectible.
Vous avez aimé L'Adoption, vous aimerez Merci !