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ésar Nekros est un homme précis, organisé. Entre son entreprise d'articles pour bébé et ses petits plaisirs personnels, il mène une vie bien réglée à Guatemala City. Profil bas et pourboires généreux, telle est sa devise pour éviter les problèmes. Pas de chance, sortie de nulle part, Jamie Colgate lui tombe sur le paletot et elle n'est pas contente ! Il faut dire qu'elle a gardé un très mauvais souvenir de leur première rencontre, il y a plus de de trente ans. Comme quoi, on a beau être prudent, le passé finit toujours par resurgir. Et quel passé !
Après le très remarqué Pizza roadtrip, Eldiablo et Cha remettent le couvert avec Un homme de goût. Thriller noir à tendance parodique, l'intrigue lorgne également vers une espèce de fantastique contemporain. Pas de doute, le scénariste a bien révisé ses classiques, mais chut, évitons de dévoiler toutes les surprises. L'histoire, qui s'étale sur plus d'un siècle via de nombreux flash-backs, va à cent à l'heure, les répliques claquent et le sang coule abondamment. Point très positif de l'ouvrage, plutôt que de jouer la carte des références et des clins d’œil, Eldiablo a préféré prendre à son compte les clichés du genre. Il évite ainsi de tomber dans les pièges du pastiche. Si les stéréotypes sont bien présents (flics corrompus, hommes de main limités, etc.), ils sont avant tout au service du récit qui, pour le coup, est vraiment original.
Aux pinceaux, Cha s'est visiblement beaucoup amusée, particulièrement dans les retours en arrière auxquels elle a donné à chaque fois une identité graphique propre, quitte à devoir changer de technique de dessin. Ainsi, la course-poursuite des années quatre-vingt-dix ressemble à un clip de rap de l'époque, la révolution cubaine est traitée avec des trames grossières héritées des techniques d'impression des années cinquante, tandis que la belle époque a été réalisée à la plume. Le résultat est plein de fraîcheur et d'énergie, particulièrement grâce à un découpage maîtrisé et une mise en scène très élaborée (plongées et contre-plongées acrobatiques).
Excellent premier tome ! La recette de Mise en bouche est au point, vivement le second service !
Un homme de goût, ce n'est pas facile à trouver. Il faut qu'il soit raffiné. Là, on peut dire qu'il aime la viande fraîche. Il ne fera pas dans la dentelle avec ses dents acérées. On entre dans une ambiance digne du film le silence des agneaux avec une sorte d'Hannibal Lecter.
Je n'aime généralement pas ce qui a trait au cannibalisme bien que je sois un amateur de « Walking Dead ». J'avais détesté par exemple « Tony Chu Détective Cannibale ». C'est donc avec beaucoup d'appréhension que j'ai commencé cette lecture. Et pourtant, cela a bien pris. J'ai même beaucoup apprécié ce plat.
En effet, la construction de ce récit est réalisée d'une main de maître avec un dessin tout à fait satisfaisant. le seul point négatif était ce passage en écriture ancienne correspondant à des faits se situant à Paris au milieu du XIXème siècle. Par contre, le passage à Cuba pendant la révolution castriste est quant à lui une pure merveille.
C'est une série passionnante à découvrir car on ne sait pas ce qui se cache derrière le monstre et on a envie de le savoir. C'est tout le paradoxe. On peut toutefois affirmer que c'est un homme de goût !
Bon voilà, j'ai dû m'inscrire pour poster un avis.. J'ai dû le faire parce que certains artistes méritent que l'abruti lambda, le consommateur de +40 ans que je suis souhaite voir venir une suite à un chef-d'oeuvre à la fois dans le scénario, dans l'orginalité de l'idée et dans le dessin qui va avec. Je n'ai qu'un seul mot à la bouche: Encore!!! et j'aimerais que cela parvienne aux auteurs. Pis j'aimerais voir une suite aussi avant mes 50 balais bandes de faignasses.