V
ictimes d’une anomalie quantique, Manon, Alex, Max et Ilse parviennent finalement à retrouver les compagnons d’infortune avec lesquels ils ont échoué sur la planète GJ1347-4 suite à la désintégration du Tycho-brahé, un vaisseau interstellaire emmenant plus de 2500 personnes de la Terre vers la nouvelle colonie d’Aldébaran. Ils découvrent cependant avec stupeur qu’ils n’ont pas disparu pendant une journée, mais durant six années. Enfin réunis et accueillis chez les Holorans, une race extra-terrestre à l’allure féline et beaucoup plus évoluée que les humains, les rescapés de la mission décident d’aller étudier ces étranges perturbations d’un peu plus près…
Avec ce troisième volet, le quatrième cycle des Mondes d'Aldébaran poursuit son petit bonhomme de chemin. En jouant avec le temps lors du tome précédent, Luis Eduardo de Oliveira, alias Leo, ouvrait la porte à d’énormes possibilités scénaristiques, permettant par exemple à l’un des membres d’apprendre la langue des autochtones en seulement quelques pages. Profitant des retrouvailles des survivants, l’auteur prend tout d’abord soin de remplir le trou de six ans qui sépare dorénavant les deux groupes, tout en permettant de faire plus ample connaissance avec ces Holorans qui choisissent désormais de converser en français… car ça les amuse (et ça facilite probablement la vie du scénariste). Cette première partie d’album assez bavarde est suivie d’une nouvelle mission en territoire inconnu, visant à en apprendre un peu plus sur ces phénomènes qui permettent d’effectuer des bonds temporels.
Avec Leo aux commandes, les grandes lignes du pitch sont certes souvent connues d’avance. Pourtant, au fil des tomes, ce qui avait débuté comme une aventure de survie en milieu hostile se transforme progressivement en une enquête plus scientifique sur les manifestations insolites qui semblent se concentrer autour de l’archipel que nos amis partent explorer. Si l’auteur ne peut visiblement pas s’empêcher de s’égarer dans des rapports amoureux conflictuels qui frôlent souvent le ridicule, son imagination fertile continue cependant de séduire. Mettant à jour des écosystèmes originaux et multipliant les surprises originales, il ne cesse de titiller la curiosité d’un lecteur qui se laisse volontiers happer par les nombreux mystères et par l’environnement ingénieux… même s’il faudra encore attendre un peu avant de connaître tous les tenants et aboutissants.
Il faudra donc s’armer de patience avant découvrir le fin mot de l’histoire… ou essayer de trouver une zone de perturbation quantique qui permettrait de faire un petit saut dans le temps.
Le scénario se complique diablement et Léo nous laisse encore en plein suspens, et il faut encore attendre deux ans ! Mais on y replongera sûrement en regrettant de ne pas avoir le courage d'attendre l'intégrale. Car ce récit est vraiment efficace et prenant, les décors toujours autant travaillé et les personnages de moins en moins figés, ils arrivent même à avoir des expressions !
Bref du bon Léo, on en redemande !
Cet album est un tout petit peu moins bien que le précédent (sans spoiler). Il n'y a pas eu l'effet surprise de la fameuse anomalie quantique, cependant cela reste un très bon album. L'histoire progresse plus que dans le tome 5 d'Antarès et, pour moi, cet album respecte complètement la série. On n'y retrouve d'ailleurs une jolie référence à la première série Aldebaran. À lire pour tout fan de la série.
Sur la lancée des précédents, ce nouvel album est de très bonne facture. L'incroyable bestiaire se développe, de même que le scénario, qui distille les éléments de réponse et développe la cohérence avec les autres cycles de la série de façon très fine et adéquate.
J'aurais certes tendance à reprocher la place prédominante accordée aux relations amoureuses du groupe de survivants, ce "carré" amoureux tendant, comme Djamile le dit d'ailleurs elle-même, à se rapprocher du feuilleton brésilien. Leo avait l'habitude de répartir ce genre de scènes de façon plus discrète au sein de ses albums, et le changement ne me plait pas vraiment, car sept pages d'un coup, c'est quand même beaucoup dans une série à suspense où l'on attend la suite des révélations avec énormément d'impatience. Mais en y repensant en toute sincérité, je ne peux pas non plus dire que cette scène ne m'aie pas plu...
En fait, le seul défaut de la série, et ce n'en est pas vraiment un, c'est qu'elle est trop passionnante, trop accrocheuse, trop haletante. Du coup, je suis presque déprimé à l'idée de devoir attendre deux ans pour tenir le prochain album entre mes mains. Jamais je n'ai autant dévoré une bande dessinée que celles de Leo. Il y a presque de quoi me donner envie de... trouver une zone de perturbation et faire un petit saut dans le temps.