Élise est une jeune femme comme les autres. Une vie métro-boulot-dodo. Et malheureusement, de temps en temps, quelques peines de cœur. Comme cette fois où elle aperçoit son mec du moment se balader un peu trop amoureusement dans la rue avec une autre. Pour se consoler, elle peut toujours compter sur ses deux meilleures copines. Mais en cette période de tristesse émotionnelle, c'est une autre connaissance qui va ressurgir du passé. Iba. L'amie imaginaire de son enfance. Mais est-elle si imaginaire ? Et surtout, est-elle vraiment l'amie d’Élise ?
Souvent étiqueté dessinateur de société, plus particulièrement celle des années 2000, Pierre Maurel n'en finit plus d'emmener son œuvre vers d'autres genres. S'il avait commencé Iba sous forme de fanzine, comme à son habitude, c'est au sein du magazine en ligne Professeur Cyclope qu'il en publia l'intégralité. Avant la sortie de cette version papier, inaugurant, avec Le Sourire de Rose, le label de la revue aux éditions Casterman.
Sous couvert de déceptions amoureuses, l'auteur s'attaque ici à un récit d'épouvante somme toute classique. Pas de grands effets gores ou de grand guignol. C'est l'angoisse qui est au rendez-vous. Forcément malsaine, elle s'installe durablement dans l'histoire au fil des révélations sur la jeunesse de son héroïne. L'ensemble ne manque pas d'intérêt. Essentiellement grâce au talent de narrateur de son créateur, à l'aise dans les scènes de la vie quotidienne et les apparitions fugaces de l'entité malveillante. Malheureusement, le dénouement décevra peut-être certains lecteurs. La faute à une faible intensité du choc final. La résolution de l'intrigue devenant un peu trop rapide en regard de tout ce qui avait précédé, notamment de la tension qui était montée au fil des pages.
Malgré cette faiblesse, l'ouvrage présente de nombreuses qualités, graphiquement et scénaristiquement. S'attaquant à un genre peu prisé en bande dessinée, Iba mérite malgré tout d'être découverte.
J'ai toujours eu peur des amis imaginaires. Dans la mythique série Thorgal par exemple, le petit Alinoé m'avait terrifié. On est ici dans la même veine mais avec des influences d'un certain Ito Junji sans toutefois les effets gores. L'auteur arrive à nous créer un climat de terreur et de paranoïa dans le quotidien d'une jeune citadine. On se rend compte que petit à petit, cette amie devient encombrante puis agressive.
Il est dommage que la fin de ce récit ne soit pas du même niveau. En effet, cela se termine sans avoir droit à l'explication la plus compréhensible et sur un coup déjà maintes fois exploité par le cinéma. Mis à part cela, c'est une lecture assez intéressante dans le genre thriller angoissant.