C
omme tous les ans à pareille époque, Rose et Windy se retrouvent à Awago Beach. Mais cet été-là, Rose n’a plus la même insouciance que sa cadette…
Après Skim paru dans la collection Encrage chez Casterman en 2008, Mariko et Jillian Tamaki récidivent avec un récit consacré, cette fois, à l’entrée dans l’adolescence. Sur plus de trois cents pages, les cousines réalisent un album sobre et profond qui, à un degré ou un autre, interpellera chaque lecteur.
Mariko développe un script qui, au prétexte de s’attarder sur les vacances estivales de deux gamines, aborde des sujets plus graves, plus existentiels. Alors, derrière le soleil, les baignades, les parties de barbecue et les marshmallows grillés sur la plage, il est question de dépression, de suicide, de désirs nouveaux… Mais là où la scénariste canadienne fait merveille, c’est dans la manière d’amener les choses : naturellement ! Au fur et à mesure des jours qui s’écoulent doucement, son héroïne s’aperçoit qu’elle change : elle décrypte le drame qui mine ses parents, porte un regard moins naïf sur les adultes qui l’entourent et s’intéresse à un groupe d’adolescents qui gravite autour de la seule épicerie de la station balnéaire. En particulier, son attention se porte sur Dutch, de cinq ans son aîné, une éternité lorsqu'on en a treize. Tout cela est raconté sans fioritures ni considérations inutiles, comme si les auteures – avec pudeur et retenue - se racontaient un peu !
Le charme de ce one-shot se niche aussi dans le non-dit, dans sa structuration, dans des planches sans dialogues qui apportent densité et sensibilité. Les événements s’enchaînent spontanément. Toutefois, cette apparente simplicité ne peut être que le résultat d’un travail patiemment élaboré et d’une très grande maîtrise, à l’image du graphisme monochromatique de Jillian qui, malgré un léger manque de constance dans les physionomies, s’avère intimement expressif.
À travers ce roman graphique mettant en scène - avec justesse – la sortie de l’enfance, les éditions rue de Sèvres permettent de (re)découvrir ces deux auteures d’outre-Atlantique. Une belle lecture tout en douceur et en sentiment.
Cet été-là est un comics avec une postface signée Craig Thompson auteur de Blankets – Manteau de neige. Nous avons là un album de bande dessinée américaine qui a été traduit en France par l'éditeur Rue de Sèvres.
Les auteurs se sont intéressés à l'adolescence ou plutôt à la pré-adolescence quand les filles commencent à perdre leurs illusions dans cette période assez fragile. Le cadre est celui d'un camp de vacances situé au bord d'un lac dans l'Ontario au Canada.
Il ne se passera pas grand chose au fil de ces 300 pages. C'est juste une tranche de vie avec ces petits riens qui font la vie ordinaire de gens ordinaires. Fort heureusement, le dessin est tout à fait correct et entraînant. Les héroïnes Rose et Windy (13 et 11 ans) sont également assez attachantes dans leur genre mais il faudra un peu de temps pour pouvoir les cerner correctement. Bref, on s'accroche à cette suspension du temps et de vivre l'instant présent.
Des prix ont été récoltés par cette oeuvre (notamment le prix Eisner 2015) qui traite de thème comme l'identité sexuelle ou l'image de soi. Cependant et au final, je la trouve personnellement trop commune et assez légère pour nous faire palpiter ou rêver.