L
e solitaire à la crinière noire rôde à proximité de la meute qui le rejette. Souvenirs d'une jeunesse heureuse, choyée. Hélas, il est né mâle, donc inutile et condamné à la solitude.
Après le tigre et le renard, le bousier fut un moment annoncé, mais c'est au roi des animaux que Brrémaud et Bertolucci dédient le troisième tome de leur série animalière. Toujours fidèles au concept réaliste, l'animal ne parlant pas, ils mettent en scène leur jeune lion et sa tribu pour quelques instants de vie. L'absence de bulles ne nuit pas au récit, fluide et découpé comme un story-board, laissant naître l'émotion à travers les regards et expressions des félins. Des instants joyeux, où les fauves jouent et se reposent, se mêlent aux séquences tragiques d'ennui, de peine ou de mort, telle cette femelle blessée par un coup de sabot. Dans ses yeux se lit tout le désespoir du monde. L'identification fonctionne à merveille, car toute l'empathie va aux carnassiers et non à leurs proies lacérées qui peinent à leur échapper. Comme pour les premiers volets, le graphisme est sublime et offre de lumineuses planches naturalistes que ne renierait pas un Constable qui aurait emprunté la palette d'un Douanier Rousseau.
L'ouvrage se lit très vite, c'est peut-être là son défaut. Mais cela ne nuit pas à l'expectative d'un prochain volume... consacré à un scarabée ?
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