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alvin et Hobbes, meilleure bande dessinée de tous les temps ? Sans aucun doute. La publication d’une intégrale chez Hors collection laisse, selon les cas, la possibilité de découvrir cette perle sans véritable équivalent ou l’opportunité de se laisser submerger par un flot de souvenirs de lectures passionnées.
L'espace d’une décennie, de novembre 1985 à décembre 1995, Bill Watterson a livré à ses fans via quelques centaines de journaux de par le monde, les tribulations d’un gamin et de son tigre en peluche, on ne peut plus vivant à ses yeux. Au fil des strips et des demi-pages, des millions d'amateurs ont célébré chaque jour cet hymne à l’imagination. Et, passé le constat d’avoir une dizaine de kilos dans les mains en prenant ce coffret, le lecteur pourra s’alléger et s’aérer l’esprit.
Calvin et Hobbes, pour ceux qui les connaissent, c’est une avalanche de souvenirs et d’émotions en vrac. Inutile de tomber dans le travers qui consiste à sacraliser tout ce qui touche à l’enfance, les exploits du gosse coiffé en pétard n’ont jamais versé dans le politiquement correct, tout en se tenant très éloignés du vulgaire ou même du « malpoli » comme disent les mômes. Mais il y a de quoi succomber pour deux ou trois générations, notamment celles qui comptent quelques parents dans leurs rangs.
Ce bambin concentre la faculté des enfants à créer des mondes et des personnages qui deviendront familiers et l’auteur donne un autre éclairage, forcément amusant et sans interprétation, à l’« ami imaginaire ». Incarné par une peluche, assez quelconque et inerte, celui-ci est un complice indéfectible et racé autant qu’un contrepoids à l’ouragan de petite taille qui fonce souvent avant de réfléchir.
Tête à claque ? Jamais. Culotté, le petit garçon est susceptible d’être follement attendrissant. Et impossible d’en vouloir à celui qui est capable de s’inventer de folles échappées spatiales aux commandes de la soucoupe volante du cadet Spiff, de composer des assemblées délirantes de bonhommes de neige ou d’affronter des dinosaures des plus féroces. Une boîte en carton devient une machine à explorer le temps ou une fabrique à clones, une caisse sur roulette fait un bolide.
Sans nostalgie ou réflexe réactionnaire, plonger dans cette série revient à s’immerger dans une petite ville où la nature a encore une place et où les saisons jouent leur rôle. Les paysages y sont bucoliques à souhait, recouverts de neige, après avoir été jonchés de feuilles et inondés d’herbes hautes.
L’exercice du strip ne serait rien sans la maîtrise de l’art du running gag et là aussi, le bonheur est complet lorsqu’il s’agit de présenter des situations dont seuls les mômes (par ailleurs friands de tout ce qui est répétitif ou qui a tendance à tourner en boucle) ont le secret. Ainsi donner vie aux horreurs - au sens littéral du terme - que glissent les parents dans votre assiette, affronter celle qui incarne l’autre sexe (une rabat-joie dépourvue de fantaisie en comparaison de celui qui la bombarde de boules de neige) ou survivre au traitement d’une maîtresse d’école qui s’acharne à vous priver de votre liberté deviennent des épisodes fréquents qui font mouche en cascade. Sans compter les séances hilarantes de grimace, les angoisses nocturnes alimentées par la probable présence de monstres cachés sous le lit ou dans un placard. Ou encore, c’est devenu une tradition, cet accueil ô combien percutant au retour de l’école par son félin déchaîné. Et comment oublier l'invention de la cote de popularité du papa qui évolue en fonction des décisions prises à l'encontre de son rejeton ?
L’un des autres talents de Watterson s’appuie sur un graphisme qui va à l’essentiel. Il joue sur les expressions pour en tirer le meilleur, il sait brosser un décor avec juste ce qu'il faut de traits en ayant l’assurance que l'observateur prendra le relais pour repousser le cadre étroit d’une simple case et reconstituer tout ce qui entoure les rares protagonistes (forêt, champ enneigé, planète hostile).
L’avant-propos qu’il signe en ouverture de ces quatre volumes conforte un peu plus le statut de ce créateur hors pair. Coupable d’une autodérision permanente (rappel des périodes de vache maigre, retour sur ses échecs) et d’une modestie totalement injustifiée (part de chance, succès grâce à un personnage secondaire à l’origine), cet artisan qui a exercé en solitaire, en position de reclus s’est construit – probablement à son corps défendant – une stature de légende. Abandonner une série à succès avant qu’elle ne s’étiole, ne pas envisager de confier la reprise à un ou plusieurs auteurs, refuser les sollicitations et les interviews, combattre toutes les opérations de merchandising visant à surfer sur la popularité du garçon et de son compagnon peuvent être considérés comme des actes de bravoure.
Cette intégrale aurait-elle pu être plus luxueuse ? plus rigide / cartonnée / toilée ? moins chère ? carrément offerte au motif d'éducation des foules ? Rayez la ou les mentions les plus fantaisistes et répondons "sans doute". En l’état, elle est néanmoins un cadeau à faire et à se faire.
Personnellement, j’aurais aimé ouvrir mon journal chaque matin en allant directement lire le strip du jour de Calvin et Hobbes.
Un jour, je suis tombé par hasard sur les histoires du galopin Calvin, vivant moult aventures avec son tigre en peluche Hobbes. J'ai immédiatement craqué. Je n'apprécie d'habitude pas ces bandes dessinées avec un gag par page, voire pire, un gag par ligne. Calvin & Hobbes est clairement l'exception qui confirme ma règle.
De mauvaises idées en têtes ? Hop, une petite page de Calvin & Hobbes pour se requinquer.
Une journée pluvieuse ? Hop, une petite page de Calvin & Hobbes pour voir le soleil.
Une humeur maussade ? Hop, une petite page de Calvin & Hobbes pour avoir le sourire.
Calvin & Hobbes, le remède à de nombreux maux !
le fric, le fric, ils on sorti des tomes intitulés "integrale", regroupant les album deux par deux mais bien entendu la chronologie est différente des numéros seuls et dans le désordre donc impossible de panacher les deux, doublons assurés dommage
Il est vraiment dommage que la qualité de l'impression (made in china) soit si mauvaise (plis, pages trouées, couleurs parasites, ...) mauvais travail d'éditeur
C'est vrai que cette intégrale n'est pas donné, mais la même en anglais est disponible pour 80 dollars... Ca fait cher la traduction!
Enfin l'oeuvre intégrale du grand Bill Watterson. Pas donné mais bien moins cher que l'achat des 24 tomes individuels. Un seul regret: les couvertures souples et fragiles. En anglais il existe un version cartonnée en 3 tomes au lieu de 4 en plus de la version souple.