Un petit détour et autres racontars marque le troisième hivernage... volume de l'adaptation en BD des œuvres de Jørn Riel par Gwen de Bonneval et Hervé Tanquerelle. Un ours blanc affamé, un iceberg à la dérive et, ô joie dans les foyers, le retour de la belle Emma sont au programme avec, évidemment, quelques litres d'alcool maison et, en arrière-plan, l'immensité glacée du Groenland. N'oubliez pas vos kamiks !
Les nouvelles de l'auteur danois font maintenant figure de classiques de la littérature mondiale. À la fois farces existentielles tragi-comiques, témoignages plus ou moins vaseux et contes - chaque histoire commence par une petite morale -, ces écrits abordent et explorent les limites la nature humaine aux confins septentrionaux de son implantation géographique. Si l'écrivain n'a retiré qu'une seule leçon de ses nombreuses années dans ce territoire sans pitié, c'est que, même avec le meilleur entraînement et le meilleur matériel (pour l'époque), Dame Nature et le hasard ont toujours le dernier mot. Face à un plantigrade mal luné, après avoir épuisé tous ses trucs de trappeur et laissé la folie prendre le dessus – il en faut pour attaquer au tison une telle bête -, Sivert ne devra son salut qu'à sa propre maladresse, à la chance. Mieux vaut en rire, cela empêche de désespérer.
Le scénariste a parfaitement compris le discours et a judicieusement sélectionné des textes représentatifs dans les dix recueils disponibles. Outre la mésaventure cynégétique de Sivert, Un petit détour, dans lequel l'inénarrable Valfred et le lieutenant Hansen se retrouvent coincés sur un bout de glace flottante, est un petit bijou de mise en abîme et de construction narrative. Tout commence autour d'une table, les deux protagonistes y racontant à des comparses leur rocambolesque péripétie, qu'ils jurent être la stricte vérité, hormis quelques ajouts. Au fil du récit, alors qu'ils ballottent sur l'océan depuis plusieurs jours, voilà pas que, pour passer le temps, Valfred se met à narrer un souvenir personnel... un racontar de troisième niveau ! Les faits s'additionnent, s'enchâssent, se répètent, il n'en faut pas plus pour faire naître une légende ! De plus, comme l'interprétation de Gwen de Bonneval est sans faute, autant sur le fond que sur la forme, la lecture se révèle être une partie de plaisir où le rire côtoie en permanence le frisson, à moins que ce soit l'inverse.
Après deux tomes aux pages aérées, Hervé Tanquerelle s'est vu forcer à resserrer son découpage. En effet, il a dû se jouer de nombreux passages de dialogues. La multiplication des cases s'est fait un peu au prix des grandes compositions au lavis qui faisaient le charme de La vierge froide et du Roi Oscar. Cette situation est particulièrement dommageable dans Ce qu'il devint d'Emma par la suite qui se résume quasiment qu'à une longue discussion. Cela dit, le dessinateur n'a pas son pareil pour croquer ces valeureux aventuriers à la peau tannée par le blizzard et leurs pifs traités au tord-boyau.
J'ai apprécié les trois récits de cet album. Leur point commun : la tournure "amuso-dramatique" que prennent les événements, les réactions des personnages, leur sens de l'adaptation, la bonne humeur générale et l'environnement glacial, brrrr. Par contre, je trouve qu'il y a ça et là quelques longueurs. Graphiquement, on a des personnages avec une bonne trogne et un très beau noir et blanc.
Pas grand chose à ajouter sur cet album par rapport aux autres. Ils sont tous très bons, tous fidèles aux romans. Ils utilisent tous le même art graphique pour rendre compte du blanc et de ses nuances.
Enfin, bref, si vous n'avez pas encore été convaincu par les premiers commentaires élogieux, celui-ce ne sert qu'à en remettre une couche !
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