L
a première approche de ce gros et large livre est bien évidemment liée à la présence de fac-similés de planches, cartes, posters, stickers présentés d’une manière que ne renierait pas un collectionneur tatillon.
Pourtant, la découverte du texte de Peter A David (auteur de quelques aventures du tisseur) permet bien vite d’aller au-delà du seul aspect ludique de cet album-gadget. L’approche se veut monographique sans être trop pédante et, des origines à l’évolution du personnage, en passant par ses compagnons de combat – alliées ou ennemis -, l’essentiel est là. Au moyen d’extraits d’interviews bien choisies et d’illustrations de quelques moments-clés, l’histoire et les aventures de Peter Parker, type ordinaire par excellence, sont passées en revue. La part d’humanité et la fragilité de l’étudiant – photographe de presse le différencie de nombre de ses collègues voltigeurs en collants et est à coup sûr un des atouts justifiant son succès. Pourtant, triomphe oblige, la multiplication des aventures et des périodiques qui lui ont été consacrés ont fini par perdre le lecteur de base, en particulier de ce côté-ci de l’Atlantique tant il était tributaire d’une reprise sélective de fascicules consacrés à son monte-en-l’air favori.
Synthèse salutaire forcément utile pour ceux qui se sont rendus coupables d’infidélité plus ou moins prolongée, l’exercice n’est probablement pas suffisant pour renouer tous les fils de cinq décennies d’aventures riches de multiples spin off, crossover et autres arcs. La neutralité liée au ton encyclopédique retenu a des vertus, mais l’absence d’un guide de lecture mettant en exergue les « incontournables » fait pourtant défaut. Car c’est bien par dizaines que se comptent les épisodes de l’Araignée. Au prise avec des super-vilains d’abord tout droit sortis d’un bestiaire musclé (vautour, rhino, lézard, etc…) et de figures proches d’un banditisme musclé, Spidey s’est ensuite frotté à quelques cohortes de clones, symbiotes et autres créatures échappées d’autres mondes tout autant qu'à des mutants plus ordinaires. Qui en est resté au Bouffon vert, au Docteur Octopus ou à l’homme sable mis en avant dans la trilogie qui a remis l’homme à la toile sur le devant du grand écran, s’aperçoit vite qu’il a plus d’un métro new yorkais de retard. Et qu'il va falloir donner dans la collectionnite aiguë et un budget généreux.
Spider-man présente aussi une autre dimension que certains scénaristes auront eu tort de délaisser. Même si le fan de base ne crache jamais devant la perspective d’un échange de super gnons, la masse des fidèles vient aussi pour le côté « bluette » des relations sentimentales de Peter. Sa difficulté, pas seulement liée à sa double identité, voire sa maladresse chronique à les gérer, a conduit plus d’un ado, quel que soit son âge réel du point de vue de l’état civil, à s’identifier à cet autre éternel jeune homme. Le rappel de l’embarras des scénaristes à gérer le statut de Parker, jeune marié à M-J, est d’ailleurs significatif de la manière dont ne doit pas évoluer un super-héros. On ne vient pas que pour « tiger » ou les musclés de la galerie, mais aussi pour les personnages féminins, Tante May, Gwen et Mary-Jane en tête.
Destiné au lecteur qui dispose de repères dans les aventures de l’homme-araignée plutôt qu’au novice à initier, Les trésors de Spider-man est un imposant cadeau à se faire pour replonger au cœur des tribulations d’un personnage familier. Malgré quelques virages plus ou moins bien négociés (l’empreinte Todd Mc Farlane, les retours multiples sur les origines avec variantes à l’appui, le personnage de Venom par exemple), le temps ne semble guère avoir de prise sur lui, et tout le monde ne peut en dire autant….
A noter : il y a un an, Hors collection avait déjà publié une autre boîte à souvenirs du même type, Les trésors de Marvel.
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