La vie s’annonce bien pour Benjamin Tartouche. Il vient enfin d’être déclaré en free-lance et va pouvoir travailler tranquillement en indépendant grâce au matériel informatique qu’il vient à peine de s’acheter. En plus de ça, il a hérité d’une maison d’une vieille tante qu’il ne connaissait pas et qui vient de mourir. Il s’est juste collé un crédit pour payer les frais de succession et son équipement informatique. Mais en pleine nuit, Benjamin est réveillé par les pompiers qui le sortent de chez lui avec violence. Sa maison brûle. Et ce n’est que le début de ses malheurs...
Ceux qui sont habitué au style de Christophe Chabouté seront surpris de découvrir un album en couleur. Il a en effet jusqu’alors imposé son style grâce à une maîtrise parfaite du noir et blanc dans la lignée de Didier Comès. Le changement de cap est réussi : il a complètement remis en cause son approche graphique et force est de constater que ce premier album en couleurs directes n’a rien à envier à ses prédécesseurs en noir et blanc. Les tons sombres sont bien dosés et les effets de lumières de toute beauté. Il suffit de regarder la couverture pour s’en convaincre.
Mais Christophe Chabouté n’est pas juste un excellent dessinateur, il sait aussi raconter les histoires. A partir d’une intrigue apparemment simple dans laquelle il prend son temps, il réussit une fois de plus à créer une ambiance hors du commun et à nous faire plonger dans la lecture avec une facilité et une excitation déconcertantes.
L’angoissante descente aux enfers qui nous est contée n’est pas sans rappeler l’incontournable Pleine lune du même auteur. Cependant, dans ce dernier, la cible de tous les malheurs était un hideux personnage qu’on ne pouvait que détester et le ton tournait vite à la farce satirique. Dans le cas présent, c’est l’inverse car le "héros" est a priori quelqu’un de bien. C’est donc une certaine tristesse qui gagne le lecteur et ce qui était de l’humour noir dans Pleine lune se transforme ici en drame.
Enfin, Christophe Chabouté aime surprendre le lecteur et le démontre une nouvelle fois avec cette fin stupéfiante qui laisse présager le meilleur pour la suite.
Pour couronner, le tout, Purgatoire est édité dans la collection Equinoxe : c’est un bel objet avec du papier de qualité et une superbe couverture qui ne demande qu’à être exposée. Tout a été soigné et ça ne fait que rajouter du plaisir à la lecture de ce magnifique album.
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