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n matin pluvieux, Emilie prend sa décision. Elle ne supporte plus le manoir et ses habitants et décide de tout quitter pour ne pas sombrer, elle aussi, dans la folie. Mais au moment où elle franchit la grille du parc, alors que Jenkins essaie de l’en dissuader, elle passe soudainement dans une autre dimension.
Avec ce retournement de situation, l’héritage d’Emilie bascule de l’épopée féerique vers un univers fantastique, mélange de science-fiction et de voyage dans le temps. Le glissement de l’histoire est d’ailleurs grandement reflété par l'évolution du thème choisi pour les couvertures, laissant supposer que l’on va basculer vers l’irrationnel et l’invraisemblable.
Le dessin de Florence Magnin, traditionnellement très délicat et poétique, est là pour le confirmer. C’est un plaisir pour les yeux que de découvrir ses couleurs éclatantes, et on la sent aussi à l’aise à dépeindre un jardin luxuriant qu’une ville futuriste. Le mélange des époques et des décors est admirablement bien rendu, tout en étant servi par une mise en page originale et recherchée. On s’attarde sur chaque planche pour en examiner les détails, qui nous donneront peut-être des indices pour répondre aux questions que l’on a nombreuses.
La série, qui comptera apparemment 4 tomes, est à juger dans son ensemble. Même si l’intrigue ne semble pas progresser énormément dans cet album, on sent la volonté de l’auteur de ne rien oublier, et surtout de ne pas bâcler le dénouement. Chaque personnage y a son rôle à jouer, et chaque échange verbal son importance. D’ailleurs, l’Exilé n’est ni un album de transition, ni une manière de rallonger la sauce. Ce n’est qu’après avoir lu le mot fin que l’on pourra se rendre compte de l’incroyable aventure dans laquelle Florence Magnin nous a plongés.
Le dessin magnifique de Florence Magnin s'épanouit encore plus dans le jardin. L'orientation de la série passe du mystère au fantastisque. A quand la suite !