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John Prophet 1. Rémission

13/06/2013 5392 visiteurs 4.0/10 (2 notes)

A bscons. S’il fallait retenir un qualificatif pour décrire ce début de série orchestré par Brandon Graham, ce serait sûrement celui-là. Le postulat, au fond, est simple : l’humanité a disparu, mais tout n’est pas perdu. Un jour, John Prophet sort de son hibernation artificielle. Il doit faire renaître l’empire humain de ses cendres grâce à l’intervention de ses clones disséminés aux quatre coins de l’univers. Pour cela, il doit d’abord les réveiller. Commence alors une quête dans un environnement d’une dangerosité extrême.

Les trois premiers chapitres, illustrés par Simon Roy, racontent cette aventure vécue dans un monde qui a profondément changé après la disparition des hommes. Le dessin, qui peut paraître un peu flou par instants, traduit assez bien la fragilité et la vulnérabilité du héros, tandis qu’une mise en couleurs quelque peu psychédélique facilite le dépaysement ressenti à la lecture. De quoi, peut-être, rappeler des souvenirs aux quelques amateurs qui avaient découvert le premier tome de La porte écarlate, un album signé Olivier Ledroit et laissé sans suite. Quant au cheminement du personnage principal, qu’accompagne une voix off omniprésente, il ne connaît aucun temps mort mais ne suscite pas pour autant une passion folle. John Prophet ne faisant que passer par les différents secteurs visités, il ne peut s’attarder ni sur les civilisations qu’il croise ni sur les règles qui régissent la vie de ses représentants. Arrivé au bout du parcours, il n’en sait pas davantage sur les forces en présence. Dommage, d’autant plus que les trouvailles ne manquent pas, tant au niveau d’un bestiaire digne du musée des horreurs que de sociétés qui semblent s’être développées selon d’obscurs principes.

Une fois cette introduction bouclée, le propos se morcèle en plusieurs parties indépendantes, chacune racontant l’histoire d’un clone de John Prophet. Et là, tout devient trouble. C’est dans cette suite que les liens évoqués par l’éditeur entre cette série et les œuvres de Burroughs, Moebius et Miyazaki se révèlent vraiment. De manière plus générale, nous ne sommes pas loin des délires de science-fiction de Jodorowsky. Les influences graphiques sont elles-mêmes prégnantes, entre Moebius, justement, et d’autres grands créateurs tels que Tsutomu Nihei (Blame) ou Katsuhiro Otomo (Akira). Illustrant chacun un chapitre, Farel Dalrymple, Brandon Graham et Giannis Milonogiannis créent ainsi des univers visuellement très forts. Au-delà de leur singularité, ceux-ci n’offrent malheureusement pas la cohérence souhaitée. Cette impression est renforcée par une narration parcellaire qui, au lieu de construire une trame claire, propose ce qui ressemble davantage à des coups d’œil furtifs, des fenêtres ouvertes sur un ailleurs qui garde ses secrets.

En fin de compte, John Prophet pèche par excès d’originalité et séduira plutôt les lecteurs avides d’expériences enivrantes. Seule possibilité d’accrocher à cette production déroutante : se laisser porter par une sorte de poésie qui émane de ces mini-récits difficilement pénétrables.

Par D. Wesel
Moyenne des chroniqueurs
4.0

Informations sur l'album

John Prophet
1. Rémission

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Note: 2.7/5 (12 votes)

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 21/12/2020 à 13:12:48

    Le pitch avait l'air emballant d'un premier abord. L'humanité s'est éteinte il y a plusieurs siècles. Un homme en hibernation artificielle refait surface sur cette planète avec pour mission de ressusciter l'empire humain. On ne saura pas grand chose sur ce qui s'est passé. Il croise des créatures plus étranges les unes que les autres.

    L'univers s'inspire de celui de Moebius avec son côté contemplatif. L'homme est seul et la narration est ultra pesante. On a droit à des commentaires sur chacune des actions à la manière des BD d'autrefois. Bref, je me suis ennuyé à mourir. On comprend que l'humanité n'y ait pas survécu.

    Visiblement, c'est le retour d'une licence qui avait périclité dans les années 90. Je ne suis pas sûr que sortir des cartons poussiéreux soit en soi une bonne chose. Les dessinateurs vont se succéder au fil de ce premier tome en donnant chacun une version graphique différente pour assurer la continuité de l'histoire. Bref, il faudra du courage.