Q
uelque part en Afrique, sous un soleil de plomb, deux hommes s’apprêtent à mourir sous les balles d’une bande de rebelles. Ils se souviennent de leur rencontre vingt ans plus tôt. Orphelin vénézuélien entré illégalement aux États-Unis, Gabriel avait été rattrapé par les agents de l’immigration new-yorkais, après avoir sauté à l’eau avec sa sœur pour leur échapper. Tandis qu’il attendait que les médecins finissent de soigner Maria, il s’était vu proposer un marché par un des policiers. William Redmond lui offrait d’obtenir un foyer et la nationalité américaine pour la petite, si l’adolescent acceptait d’entrer dans le business qu’il voulait monter pour profiter de la guerre en Amérique latine…
Quatre ans après la fin de Cuervos, Clandestino ouvre un nouveau triptyque signé Richard Marazano (Le protocole pélican, S.A.M) et situé, en partie, sur le continent sud-américain. S’il n’y est plus question des cartels de la drogue, d’autres trafiquants tiennent le haut de l’affiche dans cette histoire aux accents d’anticipation qui voit la puissance états-unienne enlisée dans un long conflit contre ses voisins. Ceux-ci sont en proie au chaos suite à l’émergence de guérillas gauchistes qui s’entredéchirent. Dans ce contexte, la violence est au rendez-vous et elle ne manque pas de se faire sentir dans ce volet introductif qui donne immédiatement le ton.
Encadré par une scène se déroulant en Afrique, le récit revient rapidement en arrière pour narrer la rencontre entre le personnage central et celui qui l’engage suite à un chantage, afin d’expliquer comment ils se sont retrouvés dans la situation initiale. Classique, le procédé reste efficace et remplit bien son office. Les quelques autres flashbacks ponctuant la narration visent, eux, à lever le voile sur le passé du héros et de Maria. Ces épisodes se révèlent d’autant plus poignants qu’ils interviennent en contrepoint de moments supposés heureux – l’arrivée de la fillette chez sa mère adoptive, le repas de Noël et l’ouverture des cadeaux. Cependant, malgré ces moments forts et l’intérêt suscité par le sujet, l’histoire peine à prendre son envol, faute de véritable tension dramatique. Par ailleurs, les caractères des protagonistes n’incitent pas vraiment à la sympathie, Gabriel s’avérant très renfermé et n’ayant que peu de charisme, tandis que Redmond suinte la caricature. Côté graphisme et mise en couleurs, Ennio Buci livre des planches de bonne facture. Son trait réaliste convient bien au scénario, tandis que son découpage net et ses cadrages variés assurent dynamisme et fluidité. Il parvient également à brosser quelques véritables tronches, caractérisées et expressives.
Clandestino débute de façon un peu mitigée, mais se révèle suffisamment plaisant pour réclamer la suite qui gommera peut-être certains petits défauts.
C'est une nouvelle série de Richard Marazano qui traite de l'immigration et de la guerre en Amérique Latine. La scène d'ouverture donne tout de suite le ton. Nos deux héros sont dans de bien mauvaises postures. Puis, on repart 20 ans dans le passé pour découvrir l'histoire de ces deux hommes que tout semble séparer.
J'ai bien aimé mais progressivement car le récit prend un tour intéressant avec des personnages qui s'avèrent plus complexe qu'on ne le pensait au départ. Il est question de trafic d'armes, de guérilleros mais surtout de famille avec des scènes émouvantes. Ce récit fait penser à l'atmosphère du film "Lord of War" avec Nicolas Cage.
Les auteurs ont réussi le pari de nous captiver. Le dessin au trait réaliste de l'italien Bufi semble bien correspondre à ce genre de récit. Une lecture pas désagréable mais une histoire qui reste encore très classique. Ce n'est que le début, il faudra attendre pour voir comment cela évolue. C'est quand même bien parti.