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Elric (Blondel/Cano) 1. Le Trône de rubis

13/05/2013 22487 visiteurs 7.8/10 (4 notes)

L e peuple de Melniboné règne sur les états humains depuis dix mille ans. Toutefois, la vigueur d’antan a fait place à la décadence. Retirés sur l’île aux dragons, ils s’adonnent aux plaisirs des sens, entre orgies, drogues, tortures et hommages à leurs maîtres du Chaos. De plus, leur régent est un albinos au sang maudit. Sa faiblesse physique et le désintérêt pour son règne inquiètent ceux qui voudraient que leur civilisation s’impose à nouveau, par la violence et la peur, aux jeunes royaumes qui s’émancipent de plus en plus.

Lorsque Michaël Moorcock entreprend de créer Elric, il répond à une commande pour des nouvelles dans le genre « Sword & Sorcery », dans la lignée de Conan. Il faut dire, qu’à l’époque, Howard et son Cimmérien, ainsi que Tolkien et le Seigneur des anneaux sont les références absolues. Moorcock se démarque rapidement de la figure encombrante du fier barbare. En effet, Elric est son antithèse. Membre d’une vieille race pré-humaine et faible physiquement, il ne tire sa force que de breuvages magiques puis, plus tard, des âmes absorbées par son épée diabolique. Sorcier affilié au Prince des démons, il se montre cruel et sans beaucoup de valeurs morales. Son rapport avec le monde et, plus généralement, l’existence, est cynique et désabusé.

Par la suite, l’auteur utilisera le concept de Multivers (ensemble d’univers parallèles). Il complète alors son œuvre pour faire de son héros une des figures du Champion éternel, le gardien, conscient ou non, de la balance cosmique qui assure l’équilibre entre la Loi et le Chaos. Parmi tous les livres qui s’inscriront dans ce thème – La Légende d’Hawkmoon, La Quête d'Erekosë et Les Livres de Corum – le Cycle d’Elric, malgré des défauts de jeunesse, restera le plus marquant pour quantité de lecteurs et de jeunes auteurs, en particulier, parce que l’écrivain bouscule progressivement les règles de la « Fantasy ».

S’attaquer à un tel monument n’est donc pas chose aisée. Le premier défi consiste à ne pas faire d’Elric un super guerrier, affrontant moult ennemis et créatures à coup d’arme magique et de sorcellerie. Sur ce plan, le but est atteint. Loin de se lancer dans une surenchère de spectacle, la narration prend le temps de travailler le contexte, de mettre en place le personnage principal en faisant ressortir ses différentes facettes. Être tourmenté, rongé par des conflits intérieurs et détaché du devenir de ces sujets, il est capable de faire ressurgir en lui toute la cruauté et la vitalité de ses ancêtres : le châtiment infligé aux envahisseurs tentant de s’emparer de l’île sacrée en est une belle preuve.

Le deuxième challenge se situe au niveau du graphisme qui doit apporter sa propre interprétation de la matrice originelle, une vision à même d’exprimer ce qui est dédié au narratif dans un roman. La réussite semble pleine et entière tant l’atmosphère de déliquescence de cette culture est prégnante. L’apparence ancestrale et la puissance ressortent à travers les décors minéraux constituant le palais des Melnibonéens, de part l’aspect froid et intemporel. Le sadisme est très présent dans l’esthétique de ce peuple qui emprunte aux codes du gothique et du SM ainsi qu’à l’univers de Clive Barker – les Cénobites de Hellraiser par exemple. Le crayonné un peu rond et doux de Didier Poli prend un caractère acéré, quelque peu déstructuré, grâce à l’encrage appuyé de Robin Recht. Les retouches finales et la mise en couleur particulièrement aboutie de Jean Bastide, avec des teintes crépusculaires, achèvent de donner la dimension épique qui sied à ce récit.

Ce premier tome est impressionnant. De plus, cette première édition comporte un cahier explicatif de huit pages ainsi que huit visions de l’univers d’Elric réalisées par Virginie Augustin, Aleksi Briclot, Andreas, Philippe Druillet, Adrian Smith, Anthony Jean, Matthieu Lauffray et Thierry Ségur. Que des bonnes raisons pour venir (re)découvrir la légende du seigneur des dragons !

Par O. Vrignon
Moyenne des chroniqueurs
7.8

Informations sur l'album

Elric (Blondel/Cano)
1. Le Trône de rubis

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Note: 4.3/5 (102 votes)

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 21/11/2020 à 22:17:02

    J’avais déjà avisé Elric chez un autre éditeur mais la série avait été abandonnée malgré quelques qualités indéniables. Je dois admettre que cette version est complètement différente car beaucoup plus malsaine. Visiblement, Elric a besoin de sacrifices humains pour pouvoir se régénérer. Par ailleurs, il n’hésite pas à passer un marché avec une entité maléfique. Cela donne un côté moins clean à notre héros toujours albinos. Mais bon, il fait preuve d’un esprit d’ouverture.

    Je n’ai pas aimé le fait qu’on annonce en introduction la fin de cet empire qui a régné 10000 ans. Bref, on sait d’emblée qu’il ne parviendra pas à sauver son royaume. Il est dommage de donner ce genre d’indication qui ne laisse plus de place au doute.

    Pour le reste, malgré un incontestable succès outre-Atlantique, cet univers d’héroïc fantasy ne m’a pas trop bouleversé. C’est correct mais sans plus.

    PE Le 09/06/2020 à 19:14:49

    Le trône de Rubis est un superbe album tant au niveau des dessins que du scénario. Ayant lu le premier tome d'Elric il y a des années, je suis bien incapable d'écrire si la bd est fidèle au bouquin, d'après mes souvenirs, j'ai l'impression que oui. Par contre l'esprit est lui totalement respecté et même sublimé.

    Gorund Le 20/11/2017 à 14:08:06

    Superbe album qui nous plonge directement dans l'ambiance de Melniboné et la vie complexe et tourmentée de son suzerain: Elric. Un must pour les amateurs du genre, qui nous fait facilement entrer dans cette série dont on attend impatiemment la suite.

    Tassway Le 11/12/2015 à 21:08:33

    Bonne atmosphère, A lire !!! On rentre dans l'histoire facilement et sans s'en rendre compte, on n'arrive à la fin du tome. J'attends la suite avec impatience.

    seb baum Le 12/07/2014 à 20:10:13

    EXCELLENT !
    Enfin une BD qui parvient à retranscrire l'ambiance si particulière de l'univers d'Elric.
    Une BD indispensable pour les fans de l'oeuvre de Moorcock mais également une excellente BD d'Heroïc Fantasy qui peut être appréciée sans avoir lu les romans.
    J'attends avec impatience la suite de la saga...

    romain3969 Le 14/04/2014 à 17:33:38

    Vraiment une excellente oeuvre que j'ai eu le plaisir de lire aujourd'hui... Je ne connaissais absolument pas l'histoire d'Elric avant ça, mais ce premier tome laisse à présager une suite des plus palpitantes.
    Le dessin est tout aussi excellent, très efficace pour nous plonger dans ce monde où règne la terreur et la décadence avec un coup de crayon me faisant beaucoup penser à celui de M.Lauffray.
    A lire absolument

    godofroid Le 30/09/2013 à 22:27:27

    Sublime tout simplement sublime. Peut être même mieux que le roman. Quelle ambiance. Vivement la suite. Sombre et beau.

    nomades_editions Le 12/06/2013 à 16:39:06

    Un MUST absolu si vous aimez la saga de Moorcock.
    Un très bon moment en perspective si vous n'y connaissez rien.
    Enfin, un Elric bien maigre ! Un Elric sans biceps !
    Sulfureux, dérangeant, hors norme : tout y est. Vivement la suite, y a rien à jeter !

    clemlal5 Le 31/05/2013 à 20:52:12

    Je me suis laissé prendre par le marketing de Glénat et j'en suis bien content. Etant un adepte de la bande à Mathieu Lauffray et Alex Alice, on ne peut pas vraiment être déçu en lisant Elric. Graphiquement, tout est bien en place, bel encrage et ce côté très BD des visages de Bastide (je pense !) bien présent. A lire d'urgence, le scénario tient, jusque là, toutes ses promesses !

    nadsokor Le 27/05/2013 à 11:12:06

    Quel plaisir de voir revivre Elric, héros de mon adolescence, dans une adaptation BD si brillante et fidèle à l 'oeuvre originale!

    Les dessinateurs dépeignent à merveille l'univers dark fantasy imaginé par Moorcock. Le scénario est facilement compréhensible même pour les non-initiés. Un vrai travail d'orfèvre.

    Hâte de voir apparaître les autres personnages de cette saga (Rackhir l'Archer Rouge, Tristelune... peut être d'autres champions de la Balance?)

    Zelmiro Le 26/05/2013 à 22:21:58

    Très beau travail...
    Je ne connaissais pas l'univers de Moorcock avant de me plonger dans cet opus et je dois avouer que cela m'a donné envie d'aller lire les livres.
    Graphiquement le résultat est magnifique, sombre et torturé, violent sans être racoleur. Un régal, prometteur pour les tomes à venir.
    Le scénario est soigné, clair, intelligible.
    Bref un beau premier tome que je conseille à tout le monde....
    Vivement la suite.

    wolfiz Le 22/05/2013 à 20:30:21

    J’ai eu la chance de lire en avant-première et dans le cadre d’une Masse Critique organisé par Babelio , une nouvelle adaptation en format bd du cycle d’Elric écrit par Michael Moorcock et adapté par un groupe talentueux d'auteurs ... Autant dire, rien que faire l’adaptation d’un univers aussi riche est un challenge en soi. Pour la petite histoire, je n’ai pas encore pu lire ce classique de la fantasy mais j’en avais entendu beaucoup parler en mon jeune temps (ouch, mon arthrite), où je fréquentais les clubs de jeu de rôle , dans les folles discussions nocturnes sur les différents univers (genre qui a la plus grosse) voire même dans les premières adaptations pourries (si si on peut le dire) … Maintenant que j’y repense je crois bien avoir lu un truc à l’époque mais c’est si loin... Bref, d’avance pardonnez-moi si je lache des spoilers à mort ci-dessous, c’est vraiment au-delà de tout contrôle mental de ma part (ou presque) et si vous ne me pardonnez pas c’est le même prix ! (non mais, c’est qui qui tient le clavier ici ?)

    « Elric » n' a pas de bol, il est né empereur, albinos ,intelligent et beau de surcroît … Il aurait pu être l’idole des jeunes dans les années 60 (époque à laquelle le romans a été édité) si le film Twilight avait été tourné. Elric est donc une sorte de Edward Cullen en plus balaise avec des cheveux longs mais là je m’égare (de train) mais c’est juste histoire d’égayer un peu car le roman , lui, est très premier degré. Alors faisons un reset, un petit bonhomme sans rire et remettons les compteurs à zéro .

    Où en étais-je ? Ah oui ! Bien avant la domination de l’homme, notre monde était peuplé de créatures puissantes et étranges, mi-hommes ,mi-dieux .L’homme n’était que viande et bétail dans ce monde-là. Elric, né albinos et affublé d’une maladie, est le dernier empereur de l’arrogante Melniboné, puissante civilisation guerrière en plein déclin. Il n’est pas juste un empereur comme les autres, il est un puissant sorcier-roi capable d’invoquer de terribles créatures provenant du monde du Chaos . Mais qui a besoin d’un philosophe pour gouverner un royaume ?

    C’est exactement ce que pense son cousin Yyrkoon, assoiffé de pouvoir et qui veut redonner la splendeur d’antan à son peuple. Pour ce faire, il mettra tout en oeuvre afin de destituer Elric de son trône de Rubis, et ce à n’importe quel prix.

    Elric l’arrogant, l’aristocrate, agnostique, avec sa terrible maladie et la blancheur de sa peau... Autant d'éléments qui le rendent faible aux yeux de certains ; et sa maladie qui le condamne à s’abreuver, tel un junkie, de sang humain ne font que l’enfoncer dans l’abîme de sa malédiction. Mais ce qu’Elric ne sait pas ,c’est qu’il n’est qu’un pion dans les intrigues et les plans écrits par les seigneurs du Chaos; Elric à un destin tout tracé : détruire l’empire de Melniboné et commencer une nouvelle ère.

    Voilà un monde des plus originaux, transposé en bd. Pour la petite histoire, il faut savoir que Michael Moorcock a écrit cette saga à l’époque de la publication du fameux Conan (ouais vous savez le guerrier pur taureau reproducteur aux cheveux longs bataillant un peu partout) ; Elric , lui, fait surtout référence au néoromantisme-gothique alliant torture et douleur (un peu SM style Clive Barker pendant sa période Hellraiser et donc, pas pour le tout jeune publique).

    Graphiquement grandiose, les auteurs de cette adaptation ont vraiment réussi la prouesse de montrer un monde froid et cruel ,digne des plus grandes sagas épiques. Décors grandioses, baroque, sombre, colorés, le tout dégageant une ambiance mélancolique et de rages retenues ; on sent qu’il y a eu un vrai travail de recherche et une excellente collaboration entre les auteurs.

    Au niveau de la narration, des voix off et des dialogues bien dosés afin de bien faire ressentir et remonter la froideur des mots tout en mélangeant des réflexions sur l’intrigue, lutte de pouvoir, manipulation des dieux, amour, le bien et le mal, la Loi ou le Chaos, le choix de notre destinée … bref on brasse tout un tas de sujets ...

    Et bien entendu, la clé de voute de ce récit; un personnage Shakespearien, sombre et paradoxal, mélange d’héros et d’anti-héros, dont le principal ennemi semble être lui-même.

    On sent qu’on a mis le paquet dans ce premier opus introduisant les personnages et l’intrigue , dont les numéros suivants sont déjà planifiés (si si) .

    Néanmoins, un petit bémol (comme d’habitude on va dire, on cherche toujours le petit truc qui manque pour que ce soit LE chef d’œuvre intergénérationnel ) ...ce premier livre a des difficultés pour approfondir la psychologie des personnages mais je ne doute pas que les volumes suivants vont approfondir et étoffer Elric.

    Pour conclure ? Une lecture pour un public adolescent et plus, clairement pleine de gageures avec des prémices intéressante et surtout une adaptation de qualité qui m’a clairement donné envie de me plonger dans la lecture des romans (ah on me souffle à l’oreille que ma femme me conseille VIVEMENT de terminer d’abord la pile de romansssss/bdsssssssss qui trône sur le chevet ; ce que femme dit … )!

    Je vous laisse, j’ai des tonnes de bouquins à terminer … (aïe pas sur la tête)

    (NDMF:Et par la même occasion,ta femme te conseille de faire une brocante pour faire un peu de place et vider quelques caisses...)

    http://lacasebd.overblog.com/elric