D
epuis son retour du front, Félix se reconstruit lentement auprès de sa femme et de son fils. Mais quelque chose a changé chez cet homme, et le tireur isolé qui met le village en émoi pourrait-être l’occasion de rouvrir certaines blessures qui peinaient à se cicatriser.
Parue en mars 2012, Félix avait permis d’apprécier le scénario écrit par Laurent Galandon qui signe également, en ce printemps 2013, le troisième opus Des innocents coupables.
Aurélien s’impose d’entrée comme un album parfaitement pensé et travaillé qui sait, en quarante-huit pages, dénouer une histoire plurielle où se croisent les destinées de deux rescapés de la Grande Guerre. Simplement, mais avec une efficacité rare, le récit s’organise pour livrer progressivement ses vérités avec juste ce qu’il faut d’ellipses pour en alléger la narration tout en conservant sa dimension dramatique et humaine. Ainsi, en moins de trois planches, la névrose d’André est décrite ! Scénariste et dessinateur abordent sobrement, et sans superficialité, les séquelles de la Der des Ders sur la génération qu’elle faucha. De la difficulté à oublier afin de guérir, du sacrifice de vies dont les va-t-en guerre n’avaient cure, de la douleur de celles qui ne virent jamais revenir ceux qu’elles aimaient, de l’enfer dont il est impossible de parler faute de pouvoir être compris, toute une palette d’émotions traverse ce diptyque et en constitue l’essence, la trame en étant portée par l’enquête que mène Henri Nivoix. À l’unisson du texte, Alexandre Daniel continue d’apporter la sensibilité d’un trait réaliste et d’une gamme de couleurs en harmonie avec les sentiments qui animent chacun des protagonistes.
Incontestablement, le dernier volet de Pour un peu de bonheur est l’une des très bonnes surprises de ce trimestre.
Touchant, surprenant bref une excellente surprise.
A posséder impérativement pour faire découvrir.
Pour ma part les auteurs m'étant inconnus jusqu'à présent, je vais me pencher immédiatement sur le production.