L
a chronique du premier tome évoquait un album « empli de promesses tant il ouvre avec bonheur de possibles éventualités pour la suite ». Il s’en est passé des choses dans cette petite ville de province frappée par la torpeur estivale. À la manière d’Edward Hopper, dont les tableaux « illustrent le rapport inquiet que le monde moderne entretient avec la condition humaine » (W. Wells dans Un théâtre silencieux : l’art d’Edward Hopper – éditions Phaidon), Cédric Rassat (Erzsebet avec Emre Orhun opérant sur carte à gratter) et Raphaël Gauthey ont mis en place des protagonistes perdus dans leur époque, qui n’ont pas encore pleinement saisi que le temps des Trente Glorieuses appartient déjà au passé.
Ce récit s’apparente un peu à une nébuleuse. En son centre, il y a le pacte infâme, proposé à Max, syndicaliste et bon père de famille, qui se trouve de fait soumis à la tentation du mal. Autour, gravitent les petits riens du quotidien, teintés de légèreté ou de gravité, c’est selon, qui s’enchevêtrent pour former un tout réjouissant, résolument ancré dans l’actualité. Les couleurs confèrent à l’ensemble une atmosphère oscillant entre la légèreté des années 70 - comme un je-ne-sais-quoi émanant de l’œuvre du dessinateur Kiraz - et une ambiance chargée en électricité - comme un pressentiment que les choses vont dégénérer.
Un gendarme qui s’interroge face à une étendue de champs : « mon Dieu, quelle solitude… », des habitués du bistro du coin qui dissertent à voix haute et intelligible, l’alcool aidant, sur la peine de mort, un tueur d’enfants qui sévit un peu plus vers le Sud, des patrons qui philosophent au bord d’une piscine, des ouvriers qui s’inquiètent de leur sort, un Allemand qui arrive par le train… le tout sous un soleil de plomb, voilà qui ne laisse présager rien de bon ! En effet…
Mêlant chronique sociale et poésie, intrigue et absurde, les auteurs réalisent un diptyque narré avec clarté, dense et prenant, dans lequel la tension ne cesse de croitre, jusqu’à ce que les éléments, comme de juste, se déchaînent. Après la canicule, voici venu le temps de l’orage.
Entretien avec Cédric Rassat et Raphaël Gauthey
Tranche de vie dans une banlieue indéterminée pendant la canicule de 1976, ambiance d'époque très bien rendue et dans cette torpeur qui donne l'impression de figer le monde, il se passe beaucoup de choses, entre l'évocation de l'affaire Ranucci, les luttes syndicales, les troubles de l'enfance, le secret de famille, la crise de la quarantaine, la xénophobie ... la relecture permet d'approfondir d'autres facettes.
Il faut se faire au dessin particulier, mais au final ils correspond parfaitement à mes souvenirs.
Une aventure du réel à savourer avec lenteur pour s'y plonger.
Après 3 ans d'attente, je découvre enfin la seconde et dernière partie de cette aventure.
j'avoue que le dessin y est toujours aussi excellent voire remarquable.La couverture de cet album reprend en outre les mêmes personnages que ceux figurant sur le premier volume, mais dans des postures fort différentes.
J'ai retrouvé dans cette seconde partie, toute l'atmosphère des années 70: la canicule de 76, le célébre "pull over over rouge", les années Giscard, les syndicats, le débat sur la peine de mort, la conduite sans ceinture de sécurité.
J'avoue tout de même avoir été assez déboussolé par cette fin ouverte.
Mais ce dipthyque vaut surtout,je le rappelle, par le formidable dessin, lumineux,explicite, et surtout très réaliste de cette ambaince des années 70 (regardez les pages 58 à 60 qui sont formablement ancrées dans cette époque)
Je pense que cet album devrait receuillir les suffrages des lecteurs nés dans les années 70