"Donne moi une raison de ne pas profiter de toi avant de te vendre."
C'est en réponse à cette déplaisante proposition, que la maligne Tara de la Famille d'Utique fait miroiter la perspective de réaliser le plus grand cambriolage du siècle à ses deux ravisseurs, Horodamus le Gaulois et Berkan le Numide. Carthage est sur le point de tomber au mains des romains et avec elle le fabuleux trésor de Tanit-Face-de-Baal. Et plutôt que de laisser l'or à l'ennemi, la guilde des voleurs d'Utique, dont la jeune femme est l'envoyée, a décidé de le mettre en lieu sûr : dans ses coffres.
Ce qui attire le regard en premier lieu, ce sont les couleurs chaudes, éclatantes d'Isabelle Merlet, une symphonie de jaunes et ocres qui rappelle la lumière du Carthage d'aujourd'hui et donne un ton de carte postale du XIXème siècle au trait charbonneux d'Hervé Tanquerelle. Fin et détaillé sur les décors, le crayon gras donne grâce et réalisme aux corps généreux et imparfaits des femmes et surligne la truculence et la brutalité des hommes de l'Antiquité dans un style qui rappelle les trognes des personnages d'Olivier Milhet (Spoogue). Un clin d'œil au gaulois à gros nez sera retenu à moins qu'il s'agit de souligner le dysmorphisme des Européens tel que longtemps perçu par les Africains.
Le script d'Appollo repose au départ sur le « duo »classique du rusé et du boulet. Pour échapper au viol et à l'esclavage, l'héroïne se sert de sa tête plus que de ses charmes pour duper les guerriers qui ont un cerveau pour deux. L'humour est omniprésent, dans les répliques cinglantes des protagonistes comme dans les éléments du dessin. Cependant, il ne faut pas s'imaginer avoir affaire à un casse émérite façon Ocean Eleven à la sauce antique, ni à une leçon d'Histoire punique : c'est une équipe de bras cassés, de parasites et de sournois qui gravite autour de Tara. Chacun espère évidemment garder le butin pour soi, or ce ne sont pas les trahisons et coup bas qui fragilisent le plan des pillards mais bien les aléas qui préfigurent la destruction finale prônée par Caton.
Le serment du Tophet se referme sur une situation bien déconcertante pour la plupart des complices béats. À présent, tout repose sur les épaules du scénariste pour dénouer l'intrigue dans un tome deux qui peut être brillant comme retomber dans le trop déjà-vu. Un premier volet est distrayant, ravit les yeux et met l'eau à la bouche. À suivre donc.
Les voleurs de Carthage nous plonge dans le passé de cette ville légendaire qui fut la rivale de Rome avant d'être détruite. Alors que le siège des romains a commencé, une jeune femme s'allie avec deux mercenaires afin de voler les richesses du temple avant qu'ils ne tombent aux mains des romains. C'est une aventure à la fois épique, amusante et sans concession.
Ce premier tome est une vraie réussite à l'exception du graphisme aux couleurs très chaudes auquel il faudra s'habituer. Pour le reste, j'ai bien apprécié le dynamisme et le ton irrévérencieux de ce péplum. La mise en scène est également très bien réalisée.
J'ai toujours bien apprécié le dessin plein de vie de Tanquarelle donc déjà à la base je partais avec un bon à priori. Mais en plus il faut reconnaître que le scénario est sacrément accrocheur. Mêlant humour et aventure, cette histoire de "casse du siècle" version antique est bien prenante; on ne s'ennuie absolument pas. De l'action, des situations abracadabrantes, des personnages variés et bien trouvés ... vivement la suite.
Excellent, de l'aventure historique drôle, mais aussi grave.
Du bonheur à l'état pur. Bien écrit, beaux dessins.
A recommander pour un grand moment de lecture.
Excellent et bien renseigné sur les réalités historiques. Personnages très expressifs (expression des regards vraiment remarquable à certains endroits, je trouve), belles couleurs chaleureuses. Je l'ai littéralement dévoré et j'attends la suite avec impatience (en espérant que les 2 larrons vont s'en tirer ;)
Voilà un album qui retient l'attention: le trait charbonneux, foisonnant et sensuel assez proche du dessin humoristique est très plaisant. L'intrigue passionnante qui est localisée à Carthage (ambiance et décors antiques remarquablement restitués) n'est pas sans rappeler Salambô et, pour la dernière scène, le Polonius de Tardi et Picaret. Les personnages sont attachants et réalistes car chacun est doté d'une personnalité propre où qualités et défauts sont détectables.
On ne peut qu'espérer impatiemment une suite du même niveau!!!
Très bon album, qui sort nettement du lot des bd sorties cette année (2013).
Le scénario d'Appollo est intelligent et prenant, malgré une narration un peu linéaire. Chaque personnage est bien travaillé et on s'immerge instantanément dans l'histoire.
Les dessins de Tanquerelle sont formidablement expressifs et agréables, collent tout à fait à l'histoire avec des décors historiques réussis. Les couleurs d'Isabelle Merlet sont très réussies, fruit d'un travail probablement très important.
Bref, un très bon album