Les Épées de verre 3. Tigran

E n haut d’une montagne, un chaman étudie des écrits anciens qui annoncent l’arrivée de quatre clefs qui permettront de préserver l’humanité de l’apocalypse annoncée. Au même moment, une étrange lumière transperce le toit de l’atelier de Tigran. Alors que son épouse est instantanément vitrifiée au contact du mystérieux objet, il découvre qu’il est l’un des élus de la prophétie. Accompagné par le sorcier de son village, il part à la recherche des trois autres épées de verre, dans l’espoir de sauver sa femme. Cette longue marche les mène jusqu’à la ville de Karelane, dont les habitants érigent des murs de plus en plus hauts afin de se protéger des pluies torrentielles et autres cataclysmes climatiques dévastateurs et où Yama tente toujours de retrouver celui qui a tué son père.

Avec Tigran, le duo 100% féminin composé de Sylviane Corgiat (Lune d'Ombre et Elias le maudit) au scénario et de Laura Zuccheri au dessin, propose déjà l’avant-dernier volet de cette saga qui puise dans les classiques de l'héroïc-fantasy.

Ce troisième tome débute par l’histoire des deux nouveaux protagonistes qui sont venus relancer l’intrigue à la fin de l’épisode précédent. Cette présentation sous forme de long flash-back, essentiellement narré en voix-off, semble légèrement précipitée et ne parvient pas à créer la même empathie qu’envers les deux autres héros de cette série. Animés par un but identique, mais par des motivations différentes, leur route croise inévitablement celle de Yama et Miklos au cœur de la mégapole de Karelane. Là, dans un climat de révolte émanant d’une population de plus en plus asservie, les auteurs s’intéressent à nouveau à la quête vengeresse de Yama et emmènent progressivement le lecteur vers le combat tant attendu entre la jeune guerrière et Orland, le mercenaire à l’origine de la destruction de son village, devenu entretemps chef de la milice.

Si l’affrontement ne tient pas toutes ses promesses, que certains événements sont parfois cousus de fil blanc et que le comportement de cette héroïne au caractère bien trempé finit par agacer, l’ensemble demeure très plaisant à lire. En proposant des architectures fourmillantes de détails, de superbes vues plongeantes de ce décor plus urbain et un bestiaire animalier digne des Mondes d'Aldébaran de Leo, l'univers visuel créé par Laura Zuccheri continue également de séduire. Si cette première aventure en compagnie de l’artiste italienne s’avère très agréable, il ne reste cependant qu’un épisode pour trouver les deux épées manquantes et mener à bien toutes les quêtes personnelles… Cela fait beaucoup !