Week-end avec préméditation est paru fin 2002, quelques semaines après Attends de Jason et trois années après Quelques jours avec un menteur d’Étienne Davodeau. Du premier, c’est cette séquence où tout semble devoir basculer qui ressurgit, du second, c’est le plaisir de retrouver une histoire d’amitié entre potes qui refait surface. Week-end avec préméditation trace son propre chemin, moins dramatique que le premier, moins léger que le second. Deux amis prennent la route pour un pèlerinage sur un lieu de leur passé. Quelques mois avant, ils étaient trois. Aller-retour entre les époques, dans un chalet en montagne, isolé du monde, comme hors du temps, pour ces trentenaires si proches il y a peu, sans doute un peu moins aujourd’hui, chacun ayant suivi sa voie quand le lien s'est estompé.
Après être montés à pied - ça creuse -, c’est le dîner. Un petit coup de rouge, ça se charrie, le ton monte un rien, ça se fâche, ça se réconcilie, c’est bon enfant… Derrière le caractère anodin de ces échanges, transparaissent certaines failles. Le trait au fusain de Tom Tirabosco, avec des faciès assez expressifs, voire un rien grossiers, se prête bien au jeu de la joute verbale. Cet aspect dépouillé contraste avec le rendu des paysages montagnards dont il restitue l’âme avec une douce gamme de gris et la grandeur en jouant sur les cadrages et les angles de vue, rappelant ainsi furtivement que l’homme n’est définitivement pas grand-chose. Pourtant, c’est bien ce dernier qui se trouve au cœur de ce récit, le ton devient alors plus grave, le dessin s’assombrit parfois jusqu’au noir, et la question du pourquoi s’impose alors.
La réédition de cet album, première collaboration du duo constitué par Pierre Wazem et Tom Tirabosco, est une heureuse initiative qui devrait réjouir ceux qui auraient loupé le coche, il y a de cela plus d’une décennie.
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