I
l est des rencontres qui transforment un artiste, surtout lorsque, comme Emmanuel Guibert, l’humain est au centre de votre œuvre. La carrière de l’auteur est parsemée d’échanges fructueux avec des « étrangers » au monde de la bande dessinée : Didier Lefèvre (Le Photographe) et Alain Keler (Des nouvelles d’Alain) tous les deux photos reporters, ou ici Alan Ingram Cope, témoin du XXe siècle et passeur d’une vision dépassionnée d’évènements ordinaires en circonstances extraordinaires. Après les trois tomes de La guerre d’Alan, ce nouvel album traite de l’Amérique de la Grande Dépression vu à travers le prisme des souvenirs d’un jeune garçon qui deviendra le soldat que l’on connait.
De l’odeur caractéristique d’un lieu ou d’un instant aux paroles tenues qui marquent à jamais l’existence, ce sont des moments empreints de simplicité et de justesse qui sont évoqués ici, de ceux qui, a postériori, participent à la constitution de l’adulte. Issu de nombreuses heures d’enregistrement, le témoignage d’Alan est basé principalement sur des détails d'une vie à première vue insignifiante et qu’Emmanuel Guibert transforme en chronique sociale.
Les pages sont magnifiquement animées par un trait qui saisi parfaitement une ambiance, une lumière ou qui sait se faire minimaliste pour concentrer l’attention sur une attitude, une posture, un geste… Chaque planche est une ode à la lisibilité et à l’expressivité, parfois auréolée d’un blanc éclatant pour mieux faire ressortir les protagonistes toujours au cœur du récit. Telle séquence faite de quelques pas d’un père et son fils offre plus au regard et à la contemplation que n’importe quelle scène de bataille s’étalant sur plusieurs planches. On retrouve une volonté de coller au réalisme photographique tant la précision et les contrastes sont éloquents. Les commentaires font aisément oublier l’absence de phylactères sans peser sur un rythme d’une fluidité exemplaire. La promenade paisible au côté du jeune garçon alterne entre émotion et affection, sans jamais tomber dans le sentimentalisme forcené. Un tour de force.
Bouleversant de sobriété, L’enfance d’Alan est l’évocation apaisée et délicate d’une vie normale dans une Amérique traversant la crise de 1929. La rencontre, il y a presque vingt ans, d’un auteur et d’un retraité sur l’Ile de Ré aboutit à la plus belle attestation d’amitié que le 9ème art puisse donner. Après l’enfance, la jeunesse viendra faire le lien avec la guerre et achèvera de constituer Alan en tant qu'homme, pour notre plus grand bonheur et le plus beau des hommages.
Effectivement un formidable témoignage d'une vie ordinaire qui sait être extraordinaire par l'ampleur des sentiments décrits et l'émotion qui s'en dégage.
Le dessin est minimaliste (trop parfois) et pourtant il ponctue magnifiquement ce récitatif.
Une réussite à la hauteur de "la guerre..."
Voilà une belle ballade dans la mémoire d’un homme. Alan nous immerge en Californie, dans les années de la Grande Dépression, où il n’était encore qu’un jeune garçon qui grandissait et s’éveillait au monde. Dans cette BD on suit, par séquences, ses découvertes les plus futiles comme ses tragédies les plus cruelles. Que ces moments soient simples ou lourds, ils sont toujours d’une clarté incroyable : une odeur, une parole, un objet, un sentiment, … tout y est précis.
Et le récit de nous rappeler combien les enfants possèdent une formidable capacité à s’émerveiller de choses légères, de trouver du sens dans l’insignifiant ou de demeurer enthousiaste malgré les épreuves.
Emmanuel Guibert met en scène avec beaucoup d’affection l’histoire d’Alan, son ami à la ville. Son trait épuré et son écriture enfantine ne font pas de cette BD une œuvre simple. Bien au contraire. « L’enfance d’Alan » est riche. Le dessin minimaliste est juste. Les mots sont adroitement choisis.
J’ai adoré me plonger dans ce récit doux et mélancolique. Une BD très agréable et primée cette année par l’ACBD (l’association des critiques de BD).
http://bdsulli.wordpress.com/
A part la classe des dessins d'Emmanuel Guibert, je ne vois pas ce que cette BD possède d'exceptionnel. C'est ennuyant du début à la fin, et pour tout dire je ne vois pas l'intérêt d'un tel ouvrage. Un récit monotone, une succession d'évènements insignifiants (sauf à la fin) ... bref, pas de quoi s'extasier. A moins d'être amateur de récits biographiques, cet album est à éviter. Seul le dessin minutieux reste à observer.