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mandine semble maintenant faire partie du paysage de Bombinette. Le maire, quant à lui, est conquis par la jeune femme et ne doute pas de l’attractivité de son « physique méditerranéen » et de sa situation d’élu. Quand il n’est pas occupé par son opération séduction, il œuvre à disculper son ami Nobel, le patron du troquet, des soupçons qui pèsent sur sa personne dans l’affaire des lettres d’enseignes disparues.
Dans ce deuxième et dernier tome de cette sympathique satire sociale, Turf continue de promener son regard plein de poésie sur cette petite ville campagnarde. Dans la droite ligne du premier opus, sa galerie de portraits est toujours aussi pertinente, de l’innocence et la candeur d’Amandine à la bêtise burlesque et scélérate du maire. C’est là que se situe la principale évolution, le premier citoyen de la commune, alcoolique de son état, a « le vin méchant ». Il dévoile ici un trait de sa personne qui le fait passer du statut de « pauvre fou » à celui de « dangereux personnage ». Truffant son récit de « petits riens » qui en font le sel (comme les pages d’éphéméride rythmant la chronologie des évènements), Turf accroche le lecteur jusqu’au dénouement et un dernier clin d’œil dans l’épilogue.
Son dessin et sa mise en couleur sont toujours aussi délicats, charmants et avenants. Son graphisme fantaisiste ne tombe jamais dans la caricature et ne manque pas d’attirer le regard qui s’y perd avec plaisir.
Certains pourront regretter que l’auteur ne choisisse pas entre sourire et grincement, mais c’est peut-être ce qui fait tout le charme de cette fable qui se laisse agréablement parcourir.
Sous sa bonhomie rurale, c'est une histoire tranquillement ordinaire de harcèlement sexuel…. Ce grand écart entre la forme naïve et le fond glauque, est une prouesse de Turf. Je ne trouve pas l’histoire plaisante ou rigolote mais oppressante, surtout le deuxième volume. Ne pas oublier que ce livre est sorti 6 ans avant #Metoo.
Gentil caricature d'un monde rural protégé du mercantilisme, ce magasin sexuel est une ode à la liberté d'expression et au crétinisme ordinaire (racisme, machisme et autres bas du plafonds...). L'ensemble est un peu paresseux mais le plaisir de lecture est bien réel et ça, c'est déjà pas mal !
Si le dessin de Turf est splendide, avec des couleurs chatoyantes à souhait, hélas l'histoire est un petit peu mollassonne. Les personnages sont certes attachants (quoique très caricaturaux, en particulier le maire) et les décors agréables, mais l'histoire ne décolle jamais vraiment avec des scènes assez redondantes qui plus est.
Une bande-dessinée qui se laisse tout de même lire et qui vaut surtout pour l'originalité du sujet : la petite vendeuse ambulante de sextoys arrivera-t-elle à faire prospérer son commerce et à se faire accepter par la population rurale et rétrograde du petit bled campagnard où elle vient de s'installer ???