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l est des peuples oubliés par l’Histoire... Mis à part quelques érudits, qui se souvient du pays des Khazars ? Personne ! Pourtant, ce fut une terre prospère où les lois de Moïse eurent cours. Mais quel lien peut-il y avoir entre un royaume disparu et une vague d’attentats perpétrés récemment sur les oléoducs d’Azerbaïdjan. Marc Sofer, spécialiste de l’histoire juive décide d’enquêter, troublé autant par la résurgence de cette peuplade oubliée que par l’énigmatique rousse croisée un soir d’avril 2000 à l’hôtel Amigo de Bruxelles !
Hier, aujourd’hui, hier, aujourd’hui… Avec la rigueur d’un métronome, Le vent des Khazars alterne les allers-retours et s’attache à évoquer, à la fois, la destinée singulière d’anciens nomades et les méandres d’un thriller politico-financier contemporain.
Sans transition ni heurt, presque naturellement, Pierre Makyo se joue des époques et jongle avec la chronologie d’une manière déconcertante. Rien n’est forcé, chaque case possède sa place, chaque phylactère son utilité. Nulle longueur donc dans ces soixante-douze planches où les flashbacks rythment la vie de la kathum Attex, portent les espoirs des Juifs du Couchant comme les interrogations de Marc Sofer. Le scénariste de Balade au bout du monde traite de concert deux pans d’un même récit, duquel un passé trop longtemps tu viendrait hanter les temps présents.
Graphiquement, Federico Nardo rend une copie sans défaut grâce à un trait réaliste et précis. Si le verbe est important, l’image et la mise en couleur ne le sont pas moins et savent donner toute son intensité au propos du scénario.
Le vent des Khazars offre un moment de dépaysement des plus agréables et sait intelligemment mélanger les genres.
J'ai toujours voulu en savoir plus sur les Khazars, un peuple mystérieux qui était déjà évoqué dans la bd Le Ciel au-dessus de Bruxelles et qui aurait totalement disparu. Ma curiosité historique a été enfin assouvie grâce à cette nouvelle série qui joue sur un parallèle entre le Xème siècle et de nos jours avec un certain brio.
En effet, Pierre Makyo maîtrise parfaitement le scénario. Par ailleurs, le dessin de Federico Nardo est réaliste et précis dans un style que j'aime. La colorisation est également réussie. Une mise en page efficace place ce premier tome sur les rails d'une belle réussite entre le thriller et le roman historique. Il faudra suivre le récit en espérant ne pas être déçu. En tout cas, c'est palpitant et riche en découverte.