Marc Lebut et son voisin Intégrale 1 : 1966-1968

M algré une longue carrière au sein du Journal de Spirou et de nombreux albums parus, Marc Lebut et son voisin fait partie de ces séries un peu oubliées du fait de leur disparition des catalogues. Le Coffre à BD, petite structure éditoriale principalement active sur internet, profite de l'engouement actuel des lecteurs pour les rééditions « historiques », pour rendre à nouveau disponible ce sympathique titre signé Francis et Maurice Tillieux. Dommage que la maquette très fruste, à la limite de l'amateurisme, et le très maigre dossier de présentation ternisse un peu cet ouvrage.

Les histoires de ce recueil reposent sur une mécanique narrative des plus simples. Marc Lebut, individu à la fois sans gêne, irrespectueux et rempli d'une candeur à faire rougir un saint, entraîne son pauvre voisin, personnage d'une mollesse sympathique mais ô combien irritante, dans de rocambolesques pérégrinations se terminant irrémédiablement en catastrophes. Au premier abord, les aléas de ce duo classique de l'humour traditionnel - pensez à Achille Talon et Lefuneste ou Modeste et Messieurs Dubruit/Ducrin -, semble uniquement reposer sur le plaisir contagieux du créateur de Libellule et de l'inspecteur Croûton à aligner une multitude de calembours dignes de l'Almanach Vermot. À seconde vue, cet exercice scénaristique s'avère passionnant à décortiquer. En effet, malgré les répétitions du schéma de base et de l'absurdité générale des situations, Tillieux réussit à maintenir une cohésion, une sorte de logique dans la logique, dans ses propos. Même s'il s'agit avant tout d'un divertissement orienté vers le grand public, force est de constater que ce petit monde fonctionne d'une manière admirable.

Le trait tout en rondeur de Francis est un exemple parfait du style de l'école de Marcinelle. Le lecteur attentif y reconnaîtra des influences de Peyo et, évidemment, d'André Franquin. Peu de surprise donc, il faut garder à l'esprit que ces histoires devaient s'intégrer au magazine et coller le mieux possible avec le ton voulu par la maison Dupuis. À défaut d'originalité dans son approche graphique, le dessinateur tient néanmoins sa barque avec beaucoup de maîtrise.

Sans être un chef-d’œuvre absolu du 9e Art, le retour sur les étales de Marc Lebut et son voisin est bienvenu, autant pour le bédéphile nostalgique que pour les jeunes lecteurs d'aujourd'hui.