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evenir artiste et exposer ses œuvres chez le célèbre galeriste Solomon Aurochs-Lascaux est l’objectif que se fixe Alexandre. Récemment diplômé d’une école d’art et, accessoirement, fils de boucher, son avenir est tracé : devenir célèbre en révolutionnant les techniques artistiques. En lui laissant les clés de la boucherie familiale pendant les vacances, son père lui offre l’opportunité de s’exprimer d’une façon… différente. Gaffeur, maladroit et convaincu de son talent, son chemin vers la gloire va être des plus tortueux.
Le jeune Pompidou présente les atouts classiques du personnage sympathique et burlesque. Ses aventures, situées dans le milieu de l'art, apportent un petit air frais accompagné de son cortège de caricatures et de dérision que cet environnement peut offrir et les créateurs ne se gênent pas pour en user jusqu’à la limite de l’excès. À l’image d’un dessin aéré et joyeux, les pérégrinations de l'artiste en herbe amènent quelques larges sourires et détendent les zygomatiques en cette période quelque peu morose.
Entre l’art et le cochon, le héros promène sa verve d’étudiant tout juste sorti de l’adolescence boutonneuse et affronte ses certitudes avec son assurance juvénile. Cela se traduit par des quiproquos et l’humour qui en découle, c’est le propre du ressort comique maîtrisé. Jean-Luc Cornette (Les gents urbains, Le pygargue) et Jerry Frissen offrent à Nikola Witko un espace de détente plus léger après sa participation au fabuleux et prenant univers de Lucha Libre. La confrontation avec l’impitoyable et insondable monde de l’art moderne, permet de nombreuses piques, aussi bien à l'encontre des professionnels qu’envers les aspirants bourrés de folles espérances. De là à penser que les auteurs en profitent pour régler quelques comptes, il n’y a qu’un pas.
Sans que tout y soit bon, Lard moderne est sympathique, à l’image de son héros. Pourquoi donc se refuser une bonne tranche de satire décalée et saignante ? Végétariens s’abstenir.
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