Olympos 1. Tome 1

A lors qu’Hein prie dans une église, Apollon lui apparait et lui propose un marché : son vœu le plus cher sera exaucé, s’il parvient à persuader un jeune homme de sortir de l’endroit où il vit reclus. Ayant accepté, l’Allemand se retrouve soudain dans un édifice antique au sol jonché de fleurs blanches et découvre celui qu’il doit aider. Mais ce dernier refuse derechef de l’accompagner, soupçonnant une ruse de son geôlier. Après bien des efforts pour le convaincre, Ganymède suit son sauveur potentiel. Hélas, sa foi fragile vacille et il retourne à son décor habituel, seul, tandis qu’Hein réintègre le monde terrestre. Sous le regard goguenard d’Apollon, Ganymède se souvient alors du jour où, des millénaires plus tôt, il a été enlevé par une puissance divine à Troie, pour se réveiller dans le jardin clos. Depuis, jouet de dieux qui s'ennuient, il n'a plus quitté cette demeure, malgré ses vaines tentatives pour s'en échapper...

Le diptyque Olympos, paru chez Tonkam début mai, traduit avant tout le regard particulier de son auteure sur la mythologie grecque. Aki explique, en effet, dans la postface du premier volume qu’après avoir lu de nombreux ouvrages sur la question, elle est restée avec l’idée que les divinités olympiennes « ne [faisaient] que se tourner les pouces ». D’où, sans doute, le contenu assez singulier du présent titre. Bien que celui-ci mette en scène quelques figures légendaires helléniques et se réfère au moins à un récit connu, le lecteur s’aperçoit finalement que le propos est moins de restituer le mythe que de s’interroger, par le biais des personnages, sur l’éternité et l’ennui qu’elle peut engendrer. Tel est le véritable fond d’une intrigue qui invite progressivement à une réflexion sur la naissance du monde, l’origine des croyances en de quelconques divinités, la frontière entre la lumière et les ténèbres, entre la Vie et la Mort, entre le Bien et le Mal.

Se concentrant autour d’Hein – en fait Heinrich Schliemann jeune, alors qu’il ne rêve encore que de découvrir les ruines de Troie – et de son souhait, l’entrée en matière sert essentiellement à présenter Ganymède et à esquisser sa délicate relation avec Apollon ainsi que ce qui s’avère, par la suite, être une sorte de huis clos atemporel. De plus, bien que l’histoire de l’enlèvement du bel éphèbe troyen soit bien relatée, elle prend une tournure inédite, les motivations de cet acte restant floues tout au long des deux albums et le devenir de la victime étant tout sauf semblable à la légende. De même, le rôle des quatre dieux intervenant dans le récit est également revisité et le lecteur, amateur ou non de mythologie, pourra se sentir circonspect quant à la manière dont ils sont mis en scène. Cette légère perplexité se renforce au fil d’une histoire qui passe, sans crier gare, du jardin où végète Ganymède, à des scènes où Apollon se remémore des épisodes passés ou rencontre ses pairs. Le dénouement, en demi-teinte, accentue encore cette impression prégnante d’être déboussolé.

Heureusement, le dessin d’Aki aide à aller au bout de ce diptyque un rien déroutant. Quoique très typé shojo et malgré le manque de décor, son trait fin et élégant s’avère des plus agréables et soignés, particulièrement en ce qui concerne les détails vestimentaires. Cela est suffisant pour maintenir l'intérêt durant la lecture d'Olympos et aide quelque peu à apprécier une série au final mitigée.