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arah Cohen poursuit l'enquête initiée par son mari tué dans un attentat après une découverte susceptible de faire trember les fondements du culte chrétien. Recruté par Christus Causa pour empêcher la jeune femme d'atteindre son but, le Père Gabriel ne semble pas à proprement parlé le plus docile pour servir les desseins d'un cardinal dévoyé. Une alliance se dessine.
Depuis le succès de la série Le Triangle secret, on ne compte plus les variations autour du thème des dogmes liturgiques, des sociétés secrètes et des objets sacrés. Certains s'autorisent des affabulations autour de ces légendes séculaires, d'autres s'essaient à la réécriture des croyances populaires. Souvent, les poncifs régnent en souverains absolus. Ensuite, c'est au talent de parler pour mettre le tout en musique de manière convaincante.
Pour cet album, l'inventaire est éloquent : une veuve déterminée et amenée à faire équipe avec un prêtre au lourd passé, le rappel des tentations ésotériques du IIIème Reich, un homme de main aussi froid qu'hirsute aux ordres d'un groupuscule ecclésial radical et menaçant, tous en quête d'une relique qu'on s'arrache.
Avec ces éléments on ne peut plus classiques, Richez nous avait pourtant séduit avec une première partie à la fois conscieusement mise en place et alerte.
A priori, le point fort du Messager, c'est l'absence de prétentions dans ses ambitions. Le ton est celui de la série B qui s'assume, celle qui cherche à divertir plutôt qu'à revendiquer un statut de référence qui lui échappera de toute façon. D'ailleurs, au cinéma, on préfére sans équivoque "Prince des Ténèbres" à "Hantise" ou "Le mercenaire de l'espace" à certains "Star trek - le(s) film(s)" ?
Pourtant, ce tome 2/3 (avec Bamboo on est désormais fixé sur le nombre de tome total de la série dès la lecture de la couverture) déçoit. Le flash back introductif est trop long et pénalise le démarrage du récit, les dialogues parfois inutilement bavards, les personnages caricaturaux à outrance (Weissmeister, le Cardinal, Brad le fidèle pote black), la trame un rien convenue. On m'opposera sans doute que ce n'est pas le premier album "intermédiaire" à souffrir de ces travers.
D'un point de vue graphique également, le style Grand Angle est aisément identifiable. Ici, les décors sont souvent dépouillés et géométriques à l'excès (intérieurs). Le trait de Mig se concentre sur les expressions de visages qui ne font rien pour dissimuler leurs émotions (qu'est ce qu'on hurle dans cet album !).
Avant d'en découvrir l'adaptation sur grand écran, on aimerait sacrément avoir été surpris par la conclusion annoncée dans le prochain épisode. Réponse attendue avant l'été.
Après avoir beaucoup aimé le premier tome, je met un 8 sur 10 pour cette suite que j'ai lue d'un trait. La trame est bien ammenée, le scénario très bien construit. Le graphisme est très bon. Beaucoup de plaisir à sa lecture!