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Meilleur Job du monde (le) 1. L'île Carpenter

16/01/2012 6391 visiteurs 5.0/10 (1 note)

G rand gagnant du concours « Le meilleur job du monde », Doug Ellis a de quoi se réjouir : il va passer six mois, grassement payé, sur une île de la côte australienne. Moyennant quelques menus travaux d'entretien, l'organisateur lui met à disposition un petit coin de paradis. Farniente et bronzage sont au programme, à moins que...

Pour son scénario, Christophe Bec (Royal Aubrac, Bunker) s'est inspiré d'une campagne marketing organisée, il y a quelques années, par l'office de tourisme du Queensland en Australie. À la suite d'une sélection à l'échelle mondiale, un individu chanceux s'était réellement vu offert la possibilité de vivre six mois de rêve sur une île de la Grande Barrière de Récif. À partir de cette situation enviable, Christophe Bec a imaginé un développement rempli de surprises. Observer un jeune homme se dorer la pilule pendant des semaines n'a rien de passionnant en soit, heureusement, le scénariste, grand amateur de série B à sensations devant l'Éternel, s'échevelle à faire dérailler le programme idyllique de son héros. Sans vendre la mèche, les amateurs s'étant déjà plongés dans les œuvres du créateur du Temps des loups retrouveront quelques thèmes déjà entraperçus ici et là au sein de sa bibliographie. Hormis un démarrage un peu lent, la narration s'enchaîne bien, plongeant peu à peu Ellis, et le lecteur par la même occasion, dans le doute, puis la panique. Sans atteindre des sommets d'originalité, la mécanique est bien huilée. En attendant révélations et autres coups de théâtre sans doute prévus dans les tomes à venir, la tension est bien palpable.

Rafael Fonteriz, dessinateur espagnol à la carrière éclectique (divers travaux pour Fantagraphic et Marvel aux USA et de nombreuses BD en Espagne, dont Avatar traduit en France chez Erko) est aux pinceaux. Si techniquement son trait est globalement au point, celui-ci souffre néanmoins d'un manque drastique de caractère pour retranscrire adéquatement les challenges rencontrés par le personnage principal. Ce dernier endure les épreuves en montrant autant d’expressivité qu'un mauvais acteur de boulevard peu motivé. Le décalage entre le propos très tendu et leur illustration plombe quelque peu le plaisir de la lecture.

Mal desservi par un dessin un peu trop statique, L'île Carpenter surnage grâce à l'art du suspense déployé par son scénariste.

Par A. Perroud
Moyenne des chroniqueurs
5.0

Informations sur l'album

Meilleur Job du monde (le)
1. L'île Carpenter

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 02/09/2020 à 01:10:02

    Voilà un auteur que j'aime bien et qui réussit toujours à trouver des scénarios surprenants. En l'occurrence, il se base sur une publicité organisée par l'office du tourisme australien pour un concours auquel ont participé plus de 330 000 candidats de 196 pays. Les heureux gagnants devaient découvrir pendant leur séjour vacances-travail une nature emblématique pour une expérience de rêve.

    En 2013, c'était d'ailleurs une française qui a décroché le meilleur job du monde pour garder la grande barrière de corail. Bref, l'auteur s'ancre véritablement dans les réalités d'aujourd'hui. Cela fait du bien pour ceux qui aiment la modernité ou ceux qui en ont marre des vieilleries poussiéreuses qui donnent de l'asthme.

    Bien entendu, les critiques fusent comme celle concernant la télé-réalité où les jeunes espèrent gagner la célébrité sans rien foutre ou la mériter. Tout semble aller dans le meilleur des mondes pour notre jeune héros en proie à un traumatisme du passé venu le hanter. Des choses mystérieuses se passent sur cette île totalement isolée du reste du monde.

    Le suspense est d'ailleurs à son comble à la fin du premier tome et il ira en grandissant dans le second même si le final sera un peu décevant car nous n'aurons pas toutes les réponses. On flirte un peu avec le fantastique dans une atmosphère mi-horrifique. On va sortir des schémas classiques et cela étonne forcément.

    C'est diablement bien mis en scène avec un dessin réaliste à la hauteur. Je suis en tout cas preneur de ce thriller se basant sur une réalité. Le meilleur job du monde, vraiment ?

    mome Le 19/02/2012 à 00:08:30

    Christophe Bec s’inspire du fait divers qui est arrivé en 2009, le gouvernement Australien offrant un emploi de gardien pour 6 mois sur une île « paradisiaque ». Nous allons suivre l’heureux gagnant (un « fils à papa » pas spécialement dans le besoin, content d’échapper à l’emprise de son père) pour qui la principale crainte dans ce job intérimaire va être … la solitude. Lors de la visite de son futur lieu de travail, il va effectivement découvrir un lieu paradisiaque dans lequel les propriétaires ont construit une villa de luxe. Une seule « bizarrerie », la propriétaire des lieux lui interdit d’ouvrir une porte.

    Un album intéressant sur le plan du scénario et de la narration. On retrouve tout le talent du Christophe Bec capable d'amener le lecteur là où il le veut, de manière cinématographique. L'histoire est un peu lente à démarrer. Mais notre jeune héros va ensuite être confronté à des phénomènes étranges dont l’apparition d’un chien. Cette arrivée, l’ennui et l’excitation liée à l’interdit vont amener le jeune homme à s’interroger et mener des recherches qui vont rendre l’endroit beaucoup moins attrayant. La montée de la tension est parfaitement maîtrisée, ce mélange entre fantastique et thriller plutôt réussi et bien sûr, l’auteur ne dévoile rien de ses intentions.

    La déception pour moi se situe au niveau du dessin. Je le trouve trop lisse, trop aseptisé, n'illustrant pas correctement la tension qui envahit progressivement le récit.
    Je n’ai pas grand-chose à lui reprocher techniquement, c’est vraiment une affaire de ressenti. Il m’est arrivé de lire des histoires dont le dessin de prime abord ne me convenait pas pour ensuite ne pas concevoir l’histoire illustrée autrement. Eh bien là c’est l’inverse, je trouve vraiment que le dessin ne correspond pas à l’ambiance du récit, qu’il ne créé pas d’atmosphère. Au contraire, il affadit le propos.

    L’ensemble reste suffisamment cohérent pour être lu mais je suis vraiment ressorti avec une déception compte tenu du potentiel du scénario. Je continuerai pour ce dernier et l'art du suspens de Christophe Bec.