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uand Augustin Meaulnes débarque chez lui un soir d’automne, François Seurel ne sait pas encore que ce grand adolescent au caractère imprévisible sera à l’origine d’une aventure aussi incroyable que triste. Tout commence avec la disparition de son ami pendant plusieurs jours. S’étant perdu, Augustin arrive dans un château où une foule joyeuse célèbre les noces du fils du propriétaire. Il y rencontre la belle et douce Yvonne de Galais. Mais le mariage tourne court, il repart la tête pleine d’images merveilleuses et le cœur épris. Les mois suivants, aidé de François, Meaulnes tente en vain de retrouver les lieux de la fête. Jusqu’au jour où le marié malchanceux, devenu bohémien, lui révèle l’adresse parisienne d’Yvonne. L’espoir renaît… pour s’effriter aussitôt. Cependant, si Augustin baisse les bras et coupe les ponts, François cherche encore le château perdu. Le hasard finit par lui sourire, mais cela est-il suffisant ?
Incontournable des cours du secondaire, deux fois transposée au cinéma (en 1967 par Jean-Gabriel Albicocco, puis en 2006 par Jean-Daniel Verhaeghe), l’œuvre d’Alain-Fournier est ici adaptée pour la première fois en bande dessinée, avec l’accord de la famille de l’auteur disparu dans les premiers jours de la Grande Guerre. Le Grand Meaulnes, c’est l’histoire d’une amitié, celle d’un amour presque irréel, mais aussi, et peut-être surtout, celle d’une terre : la Sologne. Transcrire ce récit très littéraire en images est une véritable gageure, dont Bernard Capo, qui connait la région, se tire finalement assez bien.
Collant au plus près de la version d’origine, il en rend avec majesté et une grâce atemporelle le caractère singulier d’un texte qui oscille sans cesse entre rêve et réalité – le grand dilemme d’Augustin -, mais également profondément ancré dans son terroir. Visuellement, tout comme narrativement, cela se transcrit par des scènes de paysages, en apparence immuables, une impression de temps suspendu ou qui s’écoule plus lentement, un aspect passé des personnages et des lieux. Les événements ponctuent ainsi de longues plages de calme, que peuplent par petites touches la voix-off de Seurel ainsi que les extraits des confidences ou des lettres du grand Meaulnes. L’ensemble, fortement appuyé par le dessin délicat et soigné de Bernard Capo dont le lecteur peut savourer pleinement la maîtrise des extérieurs, possède un charme désuet et une puissance discrète. La préface d’Agathe Rivière Corre, petite-nièce d’Alain-Fournier, ainsi que le dossier final permettent de prolonger le plaisir, tout en apportant d’intéressantes informations tant sur la présente adaptation que sur la géographie de l’œuvre et son caractère en partie autobiographique.
Le roman n’a pas à rougir de cette version BD qui invite très joliment et fidèlement à (re)découvrir un grand classique.
Tout est dit dans l'avis précédent. Je ne fais que confirmer: voici une adaptation superbement réussie d'un chef-d'oeuvre absolu. A la fin de cette lecture, j'ai été autant bouleversé qu'à la fin de l'oeuvre originale, autrefois.
Les pages supplémentaires à la fin de l'ouvrage nous font bien comprendre la genèse du roman et la personnalité d'Alain-Fournier.
Un album à lire pour tous les amateurs de beaux classiques.
Ce qui m'a toujours fait frissonner quand j'ai lu et relu le grand Meaulnes, c'est le destin tragique de son auteur Alain Fournier, tué comme tant d'autres en pleine force de l'âge, 28 ans .... par les balles ou obus allemands de la grande guerre.
Toute une génération géniale fauchée : Charles Péguy, Louis Pergaud, Guillaume Appollinaire ...
Lorsqu'on savoure le grand Meaulnes, on se laisse porter par les émotions du narrateur François qui va passer lentement de l'adolescence à l'âge adulte.
Cet hymne à l'amitié est magnifié par les qualités littéraires de Fournier.
La BD n'est pas en reste ... première adaptation sous le contrôle exigeant des ayant-droits, elle respecte fidèlement le roman, allant jusqu'à en emprunter certains textes.
Certes, la richesse des écrits de Fournier se prêtait à cette adaptation, mais le dessinateur s'est mis au diapason de l'oeuvre ... le dessin magnifie la poésie de l'oeuvre, et les décors sont époustouflants.
J'ai vraiment retrouvé l'oeuvre que j'ai aimé ... Mieux même, en lisant la BD, on a envie de rouvrir les pages jaunies de notre lecture d'enfance. ... Bravo Mr CAPO !!!!
Pour ceux qui n'ont pas lu l'oeuvre en voici un bref résumé :
C'est l'aventure d'Augustin Meaulnes, contée par son camarade de classe, François Seurel, devenu son ami.
1 / Augustin Meaulnes est placé par sa mère chez les parents de François, instituteurs de leur métier, au Cours supérieur de Sainte-Agathe. Il partage la même chambre que François. Meaulnes a 17 ans, François en a 15, et on ressent vite une différence d'émancipation, si bien que Meaulnes va peu à peu devenir le mentor de François qui l'admire.
Quelques jours avant Noël », Augustin chargé d'aller chercher les grand-parents de François à la gare, se perd et arrive par hasard dans une vaste propriété.
Il s'y déroule une fête étrange où les enfants sont rois.
Cette fête est donnée en l'honneur des noces de Frantz de Galais
Lors d'une promenade en bateau sur l'étang, Meaulnes y rencontre une jeune fille et en tombe éperdument amoureux.
Il apprend due cette dernière s'appelle Yvonne de Galais, mais elle lui demande de ne pas la suivre.
La fiancée de Frantz ayant semble t-il changé d'avis, la fête prend fin tristement.
2 / Meaulnes a une idée qui l'obsède : celle de retrouver « le domaine mystérieux » et son aimée.
François l'aide de son mieux, ainsi qu'un jeune bohémien masqué : Frantz de Galais, désespéré d'avoir perdu lui aussi son amour.
Augustin poursuit ses études à Paris dans l'espoir d'y retrouver Yvonne, dont Frantz, son frère, lui a donné l'adresse.
A la troisième lettre qu'il recevra de Meaulnes, François comprend que ce dernier préfère tout oublier.
3 / François Seurel, qui va aussi devenir instituteur, retrouve la piste d'Yvonne, revenue en Sologne ; il en avertit son ami Meaulnes.
Rapidement Augustin demande la main d'Yvonne et l'épouse mais il la quitte dès le lendemain pour respecter une promesse faite à Frantz : celle de retrouver la fiancée de ce dernier.
La jeune femme reste seule auprès de son père, égayée par les visites de François.
Une petite fille nait, mais Yvonne meurt deux jours plus tard des suites de ses couches.
François, tuteur de la petite fille, s'installe au domaine.
Il y retrouve un cahier et y découvre le secret de Meaulnes.
4 / Un an plus tard, Augustin revient aux Sablonnières.
Il a retrouvé Frantz et Valentine la fiancée perdue.
Il apprend la naissance de sa fille et l'emmène, laissant François à son désarroi et à sa propre histoire.
La BD est enrichie de quelques pages illustrant les itinéraires du Grand Meaulnes et d'Alain Fournier qui m'ont permis d'en savoir plus sur la génèse de l'oeuvre.
Enfin, elle est préfacée par une héritière de la famille de Fournier qui lui donne une caution morale indéniable.
En résumé : une bande dessinée particulièrement réussie et fidèle à l'oeuvre que je recommande chaleureusement.
En 1913, Henri Alban Fournier écrivait dans une lettre " Je ne demande ni prix, ni argent, mais je voudrais que le Grand Mealnes fût lu" ... il échoua d'un souffle au prix Goncourt qui consacra un autre roman tombé dans l'oubli ! ... Puisse cette BD exaucer les voeux de cet immense romancier !