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Le service 1. Premières armes : 1960-1968

26/09/2011 6263 visiteurs 6.5/10 (2 notes)

P aul Galland est un parfait soldat. Obéissant, méticuleux, il exécute avec professionnalisme toutes les tâches qui lui sont confiées. Quand il doit rentrer en France en 1962, une fois la guerre d'Algérie terminée, un grand vide se fait sentir, car l'homme, sans attache et sans famille, n'a qu'un but, celui de servir son pays. Alors, lorsque le Lieutenant Charrière, l'un de ses anciens supérieurs, lui propose d'intégrer le Service, il n'hésite pas une seconde. Le Service ? Une organisation secrète dont le but est d'éliminer par n'importe quel moyen tous les éléments subversifs qui pourraient mettre en danger le gouvernement gaulliste. Des membres encore actifs de l'OAS jusqu'aux leaders de mai 68, le travail ne manque pas pour Galland et ses coéquipiers.

Pour donner plus de force et de poids au récit, les auteurs ont créé un personnage fictif, journaliste de son état, pour préfacer l'album. Bien évidemment, l'homme signe de façon anonyme, par crainte des représailles qui ne manqueront pas de tomber. Car l'affaire divulguée est une véritable bombe : une police secrète dépendant directement du pouvoir chargée d'éliminer tous les empêcheurs de tourner, ou gouverner, en rond sous la Vème République. Prévue en quatre tomes, couvrant chacun une période comprise entre les années 60 et 90, la série débute en 1961.

Écrit à quatre mains par Olivier Legrand et Djian, comme l'ont été également Les Quatre de Baker Street, Parabellum et La Tombelle, le récit s'articule autour de deux histoires, indépendantes, qui vont cependant au fil des pages se croiser puis se confondre. La première est celle du recrutement de Paul Galland au sein du Service. La description de l'homme, notamment son détachement et sa détermination, est parfaitement décrite. Dommage cependant que son passé, antérieur à la guerre d'Algérie, ne soit jamais évoqué. La deuxième histoire concerne les activités d'un groupuscule étudiant d'extrême gauche, emmené par Luc Verrier, préparant les événements de 68.

Le Service est présenté comme une fiction mais certains éléments viennent constamment titiller l'imaginaire du lecteur et le pousser sans cesse à s'interroger : "Et si c'était vrai ?" Bastiani, par exemple, annoncé comme "celui qui travaille pour le roi du pastis et qui parle comme Fernandel" rappelle fortement un ancien ministre de l'Intérieur. C'est surtout le SAC (Service d'Action Civique), créé sous le Général de Gaulle en 1960 et à qui sont attribués de nombreux enlèvements et assassinats, qui est, presque, expressément visé. Ces quelques références, plus ou moins évidentes, associées à une violence montrée sans retenue, ancrent le récit dans une forme d'authenticité qui fait froid dans le dos. Le dessin d'Alain Paillou, très sobre quoiqu'un peu raide parfois, accentue cette impression d'austérité.

Des personnages travaillés, bien qu'insuffisamment fouillés pour certains, une histoire bien documentée et qui tient la route, une mise en images efficace... Premières armes est bon pour le service.

Par L. Gianati
Moyenne des chroniqueurs
6.5

Informations sur l'album

Le service
1. Premières armes : 1960-1968

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 22/11/2020 à 18:40:12

    C'est une bd qui fait peur car si les faits relatés étaient véridiques, cela créerait un véritable scandale sapant les fondements même de notre démocratie. On peut se poser légitimement la question de l'existence d'officines secrètes dans les cercles du pouvoir qui s'occupent de certains problèmes de manière musclée au nom de la raison d'état. Des hommes de pouvoir ont-ils créé une police secrète au sein même de notre République ?

    La naissance du service est associée à la fin de la guerre d'Algérie. Il est vrai que le Général de Gaulle avait mis en place le SAC (service d'action civique) à qui on attribue quelques meurtres pour de justes causes. Bref, ce sont les dérives d'une pratique totalitaire afin d'éviter le communisme. Il y a d'ailleurs une bonne analyse sur les évènements de mai 1968. L'une des prophéties d'un des protagonistes se réalisera. Les meneurs prendront les rênes de la société oubliant les préceptes pour lesquels ils se sont battus.

    Pour la petite histoire, c'est François Mitterrand qui dissoudra le SAC en 1982. Il est dommage d'avoir procédé par analogie dans une oeuvre de politique-fiction car on ne distingue plus très bien la réalité.

    Chaque épisode fera le tour d'une sombre page de l'histoire de la Vème République, des années 60 aux années 90. Le lien est un tueur professionnel de la pire espèce du nom de Paul Galland que semble traquer un journaliste professionnel qui a préféré rester anonyme dans la préface. Bref, on se pose des questions sur la fictivité de cette oeuvre d'autant que certaines ressemblances sont frappantes avec des hommes politiques qui prendront du galon.