Le fayot 1. Moi M'sieur ! Moi M'sieur !

H enri Defayol est un fayot. Attention, pas juste le bon élément de la classe. Non, un vrai fayot. Voire le fayot ultime ! L’élève parfait. Autant par ses résultats scolaires, que par son comportement serviable, disons même servile, vis-à-vis du corps professoral. L’écolier qui vous nettoie le tableau plus vite que son ombre, vous apporte des fleurs, dénonce ses camarades le plus naturellement possible, et surtout le plus gratuitement possible ! Bref, Defayol est un fayot. Un vrai de vrai. Et forcément, ce n’est pas du goût de tout le monde. Car il est aussi, par conséquence, le bouc émissaire préféré de ses camarades de classe. La vie d’un lèche-botte de cour d’école n’est pas de tout repos, loin de là !

Beaucoup se plaindront de voir apparaître une nouvelle série dite "de niche", et encore plus une nouvelle axée sur les cours d’école, a fortiori en période de rentrée des classes. Qu’en reste-t-il une fois écartés les éternels débats sur la bande dessinée commerciale et sur ces innombrables histoires à gags visant une frange très précise mais pourtant large du lectorat ? Une agréable surprise, avouons-le. Au scénario, Pierre Veys assure l’essentiel, et prend, au fur et à mesure, le bon rythme vis-à-vis de son sujet. Au dessin, Arnaud Toulon, enfin de retour après avoir arrêté les Informaticiens en 2008, se refait une santé au fil des pages. Si certaines souffrent d’un excès de caricatures et de cadrages trop serrés, l'auteur prend toutefois de l’assurance tout au long de l’album pour trouver le ton juste en termes de mise en scène. Il n’a pas non plus perdu la main quant à l’animation de ses personnages et sa galerie de portraits est très savoureuse, le chouchou en tête bien entendu.

Le principal défaut, s'il faut en mettre un en avant, est que Moi m'sieur ! Moi m'sieur ! soit un premier tome. Si l’ensemble peut paraître inégal par certains aspects, il faut se souvenir qu’une série à gags prend toujours du temps pour trouver le bon rythme. Et à lire certaines très bonnes pages en fin d’album, il est permis d'espérer que le suivant soit réellement intéressant. Reste à voir si le sujet choisi comporte suffisamment de matière pour le long terme. Rien n'est moins sûr, mais c’est la faiblesse du genre, et il faut faire avec.

Beaucoup passeront leur chemin face à ce genre de séries, à tort ou à raison. Les autres peuvent fayotter un bon coup et s’y plonger sans retenue !