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unshichi Tanba n’a connu qu’une seule défaite dans sa vie, contre un jeune catcheur inconnu, devenu une star du catch professionnel depuis. Six ans après ce revers essuyé face à Toshi Kajiwara, il n’a toujours qu’une seule idée en tête : devenir le meilleur combattant et prouver sa supériorité à celui qui l’a vaincu. Cela fait des années qu’il s’entraîne sans relâche et affronte les plus vaillants adversaires afin de parfaire cette technique hybride qu’il a développé au fil des ans. Lorsqu’il apprend le retour de Kajiwara au Japon après une carrière internationale, il est temps pour lui de mettre fin à cette longue attente et de balayer ses derniers doutes.
Prépublié dans l’Équipe Magazine durant tout l’été, ce manga n’est pas le premier roman de Baku Yumemakura adapté par Jirô Taniguchi. Après Le Sommet des Dieux, c’est donc ce récit paru au Japon entre 1989 et 1990 qui se retrouve édité en français.
Ce one-shot raconte l’histoire d’un dôjô-yaburi : un combattant amateur qui passe son temps à défier les représentants de dojos afin de faire évoluer son style et sa technique de combat. À l’inverse des récits plus introspectifs de Taniguchi, celui-ci se concentre sur la quête d’un homme à la recherche de la perfection depuis cette unique défaite qu’il n’a jamais su digérer. Ce dépassement de soi à travers le combat à mains nues est rythmé par de nombreux affrontements violents et sanguinaires, ainsi que quelques scènes de sexe plutôt dispensables. Ce seinen bourré de testostérone, qui pousse des personnages tuméfiés et ensanglantés dans leurs derniers retranchements, ne manquera donc pas de surprendre les fans de ce mangaka, adepte de récits beaucoup plus contemplatifs.
Visuellement, le dessin toujours aussi réaliste, mais beaucoup plus musclé, de Jirô Taniguchi ne manque pas de séduire. Entremêlant les corps au fil des planches, il restitue avec brio le dynamisme des affrontements, ainsi que la complexité et la précision des différentes prises qui se succèdent.
Malgré une couverture qui laisse présager du caractère plus violent du contenu, Garôden risque de surprendre les nombreux inconditionnels de Taniguchi. Reste à espérer qu’ils ne ressortiront pas KO de cette lecture…
C'est vrai que ce n'est pas ce qu'a fait Taniguchi de plus subtil. Il y a eu également des loupés dans sa carrière ce qui est relativement normal. On pourra reprocher une bestialité un peu trop grande malgré une approche différente des arts martiaux. Toujours rien à redire sur le dessin mais cela ne fait pas tout.
Les combats sont certes dynamiques mais il manque un peu de grâce et de psychologie plus poussé dans les personnages. Le héros n'a pas pu digérer sa défaite et se met dans une quête absolu de revanche. Il n'a toujours pas compris qu'il faut savoir se coucher surtout quand on n'est pas un professionnel face au meilleur du monde dans sa catégorie. On pourrait lui expliquer gentiment qu'il ne comprendrait toujours pas. Du coup, question crédibilité, il faudra repasser.
Une œuvre de jeunesse, de celles que je préfère chez Taniguchi (le contemplatif, c'est mignon, mais à force, ça me saoule un peu). Ici, on a droit à un dessin énergique et brutal, pour un thème qui ne l'est pas moins : la recherche du combat ultime et la quête de ce qui peut en résulter (sans savoir réellement ce que c'est).
Le trait de Taniguchi est toujours superbe (enfin "était" puisqu'il a presque 30 ans), et la narration, certes un peu décousue, est fluide (et est sans doute dérivée du roman dont est tirée l'histoire).
Mon bilan est au final plutôt mitigé : il n'y a pas de réel message derrière ce livre, ou du moins, on s'attend sans grande surprise à la chute de l'histoire. J'aime l'énergie qui se dégage du livre, mais il manque quand même un peu de sensibilité dans ce monde de brutes.