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e Byblos à Constantinople en passant par Tripoli et Alep, Tomaso Baldassare, un célèbre antiquaire, est sur la piste d'un ouvrage savant intitulé Le Centième Nom. À quelques mois du début de la funeste année 1666, ce manuscrit précieux contiendrait la clef pour éviter la fin du monde.
Grand voyageur devant l'éternel et amoureux de l'Afrique en particulier, Joël Alessandra (Dikhil, Fikrie) s'attaque à un monument de la littérature moyen-orientale en adaptant le roman éponyme d'Amin Maalouf. Face à la prose précise de l'écrivain libanais, Alessandra a choisi une approche très respectueuse, n'hésitant pas à reprendre de nombreux extraits du texte original. Ce choix attentionné cache en fait une transposition assez malheureuse des péripéties de Baldassare. Comme submergé, l'auteur semble avoir rencontré de nombreuses difficultés dans la conception de son album. Narré par le héros, le récit alterne des passages descriptifs tirés de son journal – hélas difficilement lisibles à cause d'un lettrage quasi-cryptique - et des scènes plus traditionnelles malheureusement très indigestes en raison de leur construction étriquée. Le dessinateur s'est peut-être trop appliqué à vouloir « caser » les nombreux éléments de l'histoire, au détriment de sa propre narration.
À la lecture du Centième Nom, il ne fait aucun doute que Joël Alessandra est un excellent illustrateur. Le traitement à l'aquarelle et les nombreuses illustrations qui jalonnent cet opus sont vraiment remarquables. Dans les épisodes plus dialogués, même s'il arrive à peu près à tirer son épingle du jeu, l'approche en « gaufrier » quasi-systématique est peut-être moins pertinente. Limité par la taille des cases, le dessinateur étouffe un peu. Son style demande de l'espace pour bien s'exprimer.
Miné par des problèmes structurels et des choix discutables au niveau de l'adaptation, Le périple de Baladassare déçoit. Espérons que la suite de cette expédition prenne une meilleure route.
Les aquarelles sont très belles, loin de Pratt, pour autant la touche est là. Concernant l'histoire elle provient d'un roman que je n'ai pas encore lu. Il me semble, que des raccourcis sont présents dans la narration. En espérant que ce sentiment disparaisse avec les autres tomes, à défaut cela me laissera un "goût" baclé. L'histoire et la philosophie de périple semble enrichissante par ailleurs.