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n matin d’hiver, Fédor a la surprise de voir arriver son cadet, Mickaïl, qui avait quitté leur village quinze ans plus tôt, juste après la disparition inexpliquée de leur père et du benjamin de la fratrie. Incapable de pardonner ce départ, Fédor n’a qu’une obsession : traquer l’Ourso, un géant à tête d’ours, qui aurait emporté les disparus. Refusant de se dérober, Mickaïl emboîte le pas à son aîné et pénètre avec lui dans la sombre forêt pour traquer la bête. Là, les attendent des peurs, des créatures et des vérités qui mettront leur courage à rude épreuve… Jusqu’à les rapprocher ?
Deux frères que tout sépare, l’ombre de la mort qui pèse sur leurs épaules, un bois inquiétant peuplé d’êtres fantasmagoriques, une vieille vengeance à assouvir. Ce sont là les principaux ingrédients du one-shot scénarisé par Merwan Chabane (Pour l’empire, L’or et le sang) qui met en scène la réconciliation au-delà d’un drame, le pardon envers l’autre et, surtout, envers soi-même. Symbolique, fortement teintée d’onirisme, l’histoire a tout d’un conte et en suit les développements, de la présentation des personnages, l’un bourru, l’autre en apparence insouciant, au dénouement doux-amer, en passant par les affres d’une traque hivernale dans une forêt emplie de chimères nées de l’imagination et des angoisses de chacun. Même la belle damoiselle est au rendez-vous pour apaiser, à sa manière, l’âme du chasseur égarée au milieu de sentiments contradictoires et d’une culpabilité qui masque tout le reste. Si le récit ne manque ni d’intérêt ni de profondeur, sa linéarité et un certain manque d’intensité, comme de surprise - notamment quant à ce fameux Ourso, véritable Bête du Gévaudan des frères - se font sentir et l’affadissent légèrement. Graphiquement, le trait marqué et assez expressif de David Alapont accompagne plutôt bien la narration, mais ne suscite pas vraiment l’enthousiasme. D’honnête facture, le dessin s’aide d’un découpage soigné et précis, de plans classiques, tout en livrant, par endroits, quelques jolies scènes en pleine page. Enfin, la mise en couleurs de Sandrine Bonini colle plutôt bien à l’ambiance générale et parvient à conférer de l’épaisseur au dessin, tout en restant dans des nuances assez froides.
Album honorable, L'Ourso constitue un conte philosophique et onirique agréable à lire, sans être franchement transcendant.
Un drame familial au milieu de la toundra russe. La neige et la forêt comme décors. Un village isolé et des chasseurs. Voilà le cadre de cette aventure qui va nous conduire jusqu'à des créatures assez étranges nées de l'imagination. Le fantastique va emboîter le pas comme par magie.
Les retrouvailles entre frères vont être marquées par la réconciliation autour d'une vengeance contre un féroce ours. Pour autant, j'ai observé un sérieux manque d'intensité dans le déroulement de cette histoire. Fort heureusement, les dessins sont très agréables et assez expressifs. J'ai passé toutefois un bon moment jusqu'au dénouement malheureusement trop rapide et trop simple.
A noter que les auteurs sont très superstitieux car il n'y a pas de page 13 mais une 12 bis d'où le nom de cette collection je pense. Une belle couverture également mais qui ne reflète pas le déroulé de ce récit. La confrontation aura lieu ou pas.