S
eiter et Hamo retournent tous deux au XIXe siècle, après respectivement Fog et Noirhomme. Roger Seiter raccroche même les wagons avec sa précédente série par l'intermédiaire des personnages principaux, Charlotte et Robin Molton, enfants d'un des inspecteurs de Fog. Robin se hasarde à une technique de recueillement d'empreintes digitales lorsqu'il est convoqué au Q.G. de la « Special Branch », brigade spéciale de la police anglaise. Presque clandestinement, il se rend dans la cabine d'un navire où l'attend son supérieur. L'enquête est délicate : un cadavre a été découvert entre la double coque d'un ancien bateau de croisière, le Leviathan, en passe d'être démonté dans le port de Crosby. Enveloppé dans un tapis, il s'est complètement momifié en vingt ans passés à fond de cale. Dans la doublure de sa redingote se trouve un cliché montrant trois personnes dont l'Amiral Cavanagh, Sir William Cavanagh. L'enquête prend alors une autre tournure et la police de Corsby s'en trouve dépossédée au profit de la Special Branch. Avec l'aide de sa sœur Charlotte, médecin et anthropologue, Robin va essayer de mettre à jour les secrets de ce cadavre avant qu'il ne finisse en poussière. Ou bien pourrait-il disparaître mystérieusement comme les trois veilleurs de nuit qui ont chassé un homme armé sur le Léviathan, la veille de la découverte du corps ? Si l'on fait taire les vivants, la Special Branch réussira-t-elle à faire parler le mort ?
La volonté de faire naître la médecine légale et la police scientifique avant l'heure aurait pu relever du style 'Steampunk ' qui convient si bien à l'Angleterre du XIXe siècle. Mais c'est au contraire la très hasardeuse voie historique que choisit Roger Seiter. Il évite habillement les clichés ou autres anachronismes pour développer un scénario compact, avec un bon nombre de personnages. L'histoire est découpée en saynètes plus ou moins linéaires, présentant parfois plusieurs actions à des moments similaires. L'articulation de ces épisodes ne se fait pas toujours avec grâce, notamment à cause de la redondance des cartels annonçant « au même moment » ou autre « pendant ce temps ». De ce fait, et par l'absence de détails percutants, le scénario n'entraîne pas le lecteur à bout de souffle. Il faut attendre la toute fin de l'album pour être piqué dans sa curiosité et espérer la suite rapidement.
Dans son dessin, Hamo ne s'encombre pas non plus de beaucoup de détails, présentant parfois des cases pratiquement vides. Il ne tombe jamais dans l'écueil des grands aplats de couleurs en fond et va même jusqu'à captiver le lecteur avec sa palette graphique. Le jeu des ombres, des matières, des textures, la lumière éclatante par endroits, les teintes utilisées et les seconds plans juste esquissés, tout évoque une réalisation cinématographique. L'impression de lire des planches extraites d'un dessin animé domine tout au long de l'album. Dommage alors que le rendu des décors soit aussi simple, avec l'absence de détails.
Dans l'ensemble, Special Branch est de bonne facture, sans être passionnant. Les prémices d'une bonne série.
Sur les rives de la Mersey, la découverte d’un corps momifié dans la double coque d’un vieux Steamer est l’occasion pour Robin et Charlotte Molton (éminents membres de la "Special Branch") d’appliquer de nouvelles techniques d’enquête…
Au fur et à mesure que l’histoire s’installe et que les différents protagonistes prennent place, le fil du récit de Roger Seiter émerge doucement des brunes victorienne qui recouvre le port de Liverpool. S’appuyant sur un scénario solide, Hamo installe un univers graphique dont l’intérêt réside plus dans l’ambiance qu’il créée que dans le réalisme du dessin.
Ce 1er opus de " Special Branch " constitue un ensemble cohérent, bien construit et agréable à lire.