Les enquêtes d'Andrew Barrymore 2. Secrets de famille

L e progrès arrive avec fracas à Old Creek Town et le chemin de fer est son messager le plus bruyant. Avec lui, intrigues, machinations, sabotages et meurtres viennent ponctuer le chantier qui est l'enjeu principal de la liaison vers Denver et l'avenir commercial de la ville. En parallèle, Andrew Barrymore prend possession de la vieille battisse de Miss Jenkins, la doyenne récemment décédée, et découvre également que son existence n'était pas dénuée d'une certaine part de mystère.

Andrew Barrymore a tout d'un Jérôme K. Jérôme Bloche en Smith & Wesson et bottes de cow-boy. Look intello tout en lunettes et cheveux roux, il ne représente pas vraiment le shérif type, mais plutôt un certain renouveau du western où les techniques modernes commencent à prendre le pas sur la rugosité d'un Far West qui doit bien se rendre à l'évidence : son heure a sonné. Plus proche d'un Hercule Poirot tout droit sorti d'un roman d'Agatha Christie, il remplace le fumeur de cigarillo si cher à Sergio Leone. Complété par un collègue au Stetson bien vissé sur le crâne, il forme un duo qui représente le passé et le futur d'un territoire en pleine mutation. Les enquêtes d'Andrew Barrymore présente les caractéristiques d'une intrigue classique et solide, avec son lot de rebondissements et de fausses pistes. L'ensemble est crédible, avec une touche d'humour qui détend l'atmosphère et un ton léger qui ne se prend pas au sérieux. Secrets de famille est une double investigation constituée d'un meurtre avec indices disséminés et faux coupables évidents de rigueur.

Le dessin de Roderic Valambois joue la carte semi-réaliste avec une part de dérision, portée par un trait souple et malicieux, très loin de la caricature, mais suffisamment présente pour dérider le propos qui pourrait paraître dramatique. Le résultat ainsi obtenu met en avant le caractère jovial de certains personnages tout en préservant le sérieux d’une enquête policière. Les couleurs marquées habillant les protagonistes les font ressortir du décor plus terne, donnant ainsi un certain relief au récit en privilégiant les acteurs et leurs actions aux arrière-plans parfois réduits à leur plus simple expression. Seul petit bémol, les ombres et les ambiances crépusculaires sont parfois trop accentuées, ce qui tend à diminuer la lisibilité de certaines planches.

Andrew Barrymore n’est pas un héros sans peur, mais il n’est pas loin d’être sans reproche. Gentleman aux allures d’éternel étudiant, il balaye définitivement les craintes qui pourraient éventuellement subsister sur l’impossibilité d’une évolution du western qui inclurait les thématiques et techniques d’aujourd’hui. Place à la subtilité face à la rudesse des hommes de l’Ouest.