D
ans le village de Moabi, Grand-Mère l’Autre est morte. Anys, Blanca et Sacha, trois jeunes enfants, décident de partir en voyage au-delà de la forêt, pour retrouver Sabine, le village d’origine de celle qui vient de les quitter, les laissant à leur peine. Durant leur périple, ils feront des rencontres, grandiront, apprendront à se connaître et à appréhender le monde qui les entoure.
Sabine est un conte qui a pour cadre une terre africaine empreinte de magie, de légendes et de croyances anciennes. Le ton est lyrique, parfois un peu trop, mais témoigne d’une belle mise en forme. Le récit est lent, contemplatif, et invite à prendre son temps, à suivre le parcours des jeunes protagonistes à une certaine distance pour profiter pleinement du rôle d’observateur dévolu au lecteur. Formellement, Maya Mihindou surprend. Son livre se situe quelque part sur une frontière incertaine, entre la bande dessinée et le roman illustré. Elle alterne les genres avec aisance, tout en assurant à l’ensemble une cohérence induite par un même imaginaire, comme si textes et dessins répondaient à une même source d’inspiration. Le trait fin de l’auteur, imaginatif en diable, se pare de couleurs harmonieuses pour faire de cette lecture un ravissement visuel, tandis que l’histoire elle-même, par ses accents de rêverie et d’aventure à taille humaine, invite également à l’évasion.
Protéiforme mais cohérent, créatif mais n’échappant pas à une certaine rigueur, Sabine surprend et séduit, à condition d’y goûter à petites doses. Un petit moment de plaisir pour les amateurs de voyages initiatiques et de rêves éveillés.
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