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ne alarme retentit. Dans un couloir oublié du métro, il trouve un corps réduit à l'état de squelette serrant un dossier orné d'un symbole mystérieux. Dès lors, légataire de l'énigme transmise par le défunt, preuves à l'appui, il reproduira sa quête.
La découverte de l'intégralité des 21 "preuves" laissées par l'homme mort n'y changera rien, pas plus que les quatre séquences muettes mettant en scène son successeur. Il n'y a rien à reconstituer à partir de ces textes et des images qui sont soumises à la contemplation plus qu'à la sagacité. Du long passage de témoin introductif Censé constituer la preuve n°01 à l'image finale, tout semble dédié à la création d'une ambiance. Cette première preuve semble d'ailleurs organisée comme un mille-feuilles, empilant les couches de mystères liées par des formules énoncées dans un langage parlé. L'écriture, comme le souligne le sort réservé à une ponctuation parfois défaillante, atteste de l'urgence pour l'homme à l'affût de passer le relais. Que sont réellement ces "preuves", sinon des instantanés tirés d'épisodes vécus ou fantasmés plutôt que de véritables pièces à verser à un quelconque dossier pour faire la lumière sur l'affaire ?
Poches pleines et mains vides à la fois, l'esprit troublé, saoulé par une prose qui se moque souvent de la sobriété, il appartient au lecteur de savoir s'il est prêt à s'immerger dans cet univers connexe au monde réel, que seuls certains, à deux doigts d’être happés par la folie, peuvent voir. Reposant autant sur l'obsession (la persistance du symbole, la ritournelle entêtante) que sur la paranoïa ou la théorie du complot, comme nombre de récits empruntant cette voie, Images interdites laisse songeur. Entre la satisfaction de s'être laissé entraîner, un luxueux ouvrage entre les mains, et le sentiment de s'être fait berner, à chacun de placer le curseur en fonction de son ressenti.
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