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alayer d’un revers de main les idées reçues, lutter contre les clichés relayés quotidiennement par les médias, porter un nouveau regard sur un phénomène séculaire, c’est ce que propose Christophe Dabitch dans Immigrants, paru aux éditions Futuropolis. À travers onze témoignages, mis en images par autant de dessinateurs différents, mais aussi les textes de six historiens, l’ouvrage rassemble un éventail assez large de ce qu’est et de ce qu’a été l’immigration en France.
Le choix du titre de l’album n’est pas anodin : « Immigrants », plutôt qu’ « Immigrés », devenu, avec le temps, un mot presque péjoratif. Voilà déjà un croche-pied donné au conformisme. Le collectif n’échappe pas pour autant aux habituelles faiblesses de ce type d’exercice. Les récits, très éclectiques, puisque mettant en scène des hommes et des femmes aux origines multiples, ne sont pas tous de qualité égale. À côté du tragique et poignant « Hélène, Le papier », superbement dessiné par Benjamin Flao, d’autres histoires sont plus ternes et ont du mal à susciter l’empathie, comme, par exemple, « Naïma, Le départ » dont les dialogues ne sonnent pas toujours très justes ou « Jamshid, Le lien », dont les rares illustrations de Troub’s sont noyées par un contenu un peu top verbeux. « Embie, Ministre » raconte le parcours étonnant d’un réfugié politique atypique alors que « Michel, 45 minutes », clôturant l’ouvrage, évoque la froideur et l’impuissance de la justice face à certains travailleurs étrangers en détresse.
Soutenu par le festival de Blois « Bd Boum » comme l’ont été d’autres collectifs dont « les témoignages de vie peuvent avoir une action d’information et de prévention », Immigrants s’inscrit dans une démarche humaniste et pédagogique. Intéressant et instructif, à défaut d’être réellement passionnant.
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