L
e jour de ses noces, Hisa a démontré à son époux qu’elle n’était pas une faible femme en mettant en déroute un groupe d’assassins venus tuer le suzerain de passage pour le mariage. Par la suite, elle s’est montrée tout aussi courageuse et prête à être déchue de son rang plutôt que d’accepter que son mari se convertisse en pirate faute de pouvoir trouver honnêtement l’argent permettant de nourrir et d’armer ses hommes. De bon conseil, elle convainc son mari, lorsque survient la guerre tant redoutée, de trouver des moyens de répondre aux besoins du fief sans saigner la population. Puis, tandis que Yasuhide combat auprès de son daimyo, elle tient fermement les rênes du domaine…
Après Ma voie de père, récit autobiographique, les éditions Delcourt publient Plus forte que le sabre, une œuvre en trois tomes qui s’inscrit dans le genre de prédilection d’Hiroshi Hirata (La force des humbles, L’Âme du kyûdo, Satsuma, l’honneur des samouraïs, Tueur ! : le manga historique. L’auteur transporte le lecteur au XVIe siècle, à l’époque des Provinces en Guerre (ère Sengoku), et lui propose de suivre le parcours d’une jeune femme de la classe des samouraïs, vivant, et tentant de faire partager autour d’elle, l’essence la plus pure du bushido.
De son mariage à sa gestion du clan Shimizu pendant l’absence prolongée de son époux, en passant par ses grossesses, ses accouchements, ses relations avec les habitants ainsi que la nécessité de protéger ses terres, le récit, s’appuyant sur une narration un peu trop linéaire, montre, crûment, le quotidien tantôt heureux, tantôt douloureux d’Hisa. Dès les premières pages, celle-ci en impose par son caractère bien trempé, sa volonté d’être respectée – y compris par son mari -, mais aussi par sa tendresse, sa présence constante et rassurante. Femme forte, le personnage est donc assez éloigné des frêles figures féminines qui peuplent souvent ce genre d’histoires et, pour cela seulement, Hisa s’avère aussi attachante qu’intéressante. Totalement inscrite dans son temps, elle en subit les aléas au fil de scènes sans concession ni fioriture. Cette même absence de complaisance se retrouve dans le dessin, précis et réaliste, d’Hiroshi Hirata Celui-ci campe des protagonistes aux traits rudes, marqués et expressifs, et n’hésite pas à soigner les décors et les détails.
Confirmant le talent de l'auteur pour le genre, ce premier tome ouvre une fresque historique qui s'annonce digne d'intérêt et prenante.
Poster un avis sur cet album